Il s’agit ici d’un projet artistique intitulé : « Ramène ta fraise » encadré par toute une équipe pédagogique mêlant enseignement professionnel et général avec les classes ULIS et de 1PRO 1,2 et 3.
Notre point de départ c’est l’oeuvre d’art Le Panier de fraises de Chardin du XVIII° siècle, comprendre le tableau, l’artiste, sa technique, sa démarche, l’histoire du tableau, la société de l’époque, c’est acquérir des connaissances en Histoire de l’art mais aussi c’est important d’apprendre à savoir s’exprimer, communiquer ses idées, visuellement mais aussi en français et encore mieux dans une autre langue comme l’allemand.

Exprimer ses ressentis, c’est tout aussi précieux pour nous. On a travaillé avec nos outils numériques du quotidien et l’aide d’un photographe professionnel Christophe Darbelet qui nous a guidé au travers de notre formation des métiers des arts de la table à prendre conscience de notre potentiel. Ce projet nous a permis de développer notre créativité au travers d’expériences et de situations qui ont favorisé l’ouverture à divers modes de pensée et de liberté. C’est en favorisant le contact avec les œuvres grâce au MARQ, partenaire culturel du lycée que nous nous sommes enrichis, nous avons partagé des moments précieux et nous avons pris conscience de la proximité de la culture avec les individus que nous incarnons.
Nous sommes tous artistes, nous sommes tous humains et nous avons eu la chance de travailler ensemble et ce travail a créé du lien entre nous et avec nos enseignants car l’art fait partie de la vie, c’est un moment, c’est une prise de vue, c’est un souvenir, une trace de notre passage et la gestuelle que nous exposons montre que nous seront présents au musée samedi 17 mai 2025,
alors soyez nombreux !
Notre travail a pour point de départ le tableau Le Panier de fraises de Chardin qui date de 1761. Au travers de cette huile sur toile, nous avons compris en arts appliqués et cultures artistiques avec Marlène Chorlet-Chamard, porteuse du projet, sollicitée par la médiatrice culturelle Caroline Roux du MARQ comment se composait une Nature morte, nous avons appris les règles de composition et le nombre d’or utilisé par le peintre. Nous avons étudié chaque élément de la toile, sa forme, sa couleur, son positionnement et nous avons aussi ressenti des émotions en étudiant ce trésor national acquis par le musée du Louvre.
C’est en visitant le tableau au musée d’art Roger Quilliot qu’on a pris conscience de l’importance de ce tableau, on a compris que ce qu’on allait faire allait compter. L’apaisement, la contemplation, le Printemps avec les fruits de saison choisis par l’artiste, le trompe l’œil de la toile, permis par la technique à l’huile et le profond réalisme de la toile dans une simplicité des éléments utilisés ont été inspirants. Nous avons compris qu’avec peu de moyens mais des astuces de composition et des contrastes de formes géométriques de tailles et de couleurs différentes, l’artiste comme un chef cuisinier ou un grand maître d’hôtel avec une grande technique pouvait exprimer un sentiment fort ou pouvait déclencher une émotion chez le spectateur tant le réalisme était vivant.
De notre côté nous avons compris pourquoi une nature morte était parfaitement adaptée à nos métiers des arts de la table. Classé patrimoine culturel de l ‘Unesco notre métier touchant aux arts de la table, il a été aisé pour nous de faire le transfert via notre formation. Un repas gastronomique à la française avec ses rituels et sa présentation vont de pair avec les efforts menés par Chardin quant au travail préparatoire de son tableau notamment.
A notre tour, nous avons choisi de travailler sur une saison, l’Automne puis nous avons créé des compositions fleuries à base de potimarrons, certains d’entre nous ont essayé de reproduire la pyramide de fraises mais cette fois-ci avec des oeufs de caille de notre professeur de Prévention Santé environnement Vanessa Zanni et des plumes de dindons qui ont aidé au volume souhaité car c’était difficile d’obtenir la forme parfaite. Nous avons choisi de respecter les symboliques de renaissance, d’amour universel et de pureté avec les roses blanches, on voulait travailler aussi sur la notion du temps qui passe.
Puis avec Christophe Darbelet photographe, après une mise au point sur les températures et les réflecteurs de lumières et des essais à partir d’un citron photographié depuis nos smartphones, d’un seul élément, nous nous sommes lancés en TP SERVICE avec notre professeur Sylvain Arzalier sur les règles de composition avec plusieurs éléments cette fois ci à associer.
On a choisi à l’unanimité la nappe élément incontournable de notre métier de serveur pour la majorité d’entre nous, on a disposé un réflecteur de lumière en haut à gauche comme dans les toiles de Chardin et nous avons joué les artistes photographes en agençant comme on le souhaitait nos compositions fleuries. A tour de rôle avec les outils du photographe on cliquait, on changeait les fonds et on replaçait constamment notre cadrage ; la qualité était là et on était tous très fiers de nous. Le professionnel nous faisait confiance.
En parallèle et dans la continuité, on a travaillé pour les germanistes sur le genre de La Nature morte en allemand avec Agnès Dupré et on a apprécié la tournure des mots en allemand beaucoup plus imagée, cela nous a enrichit. Chardin s’inspirait beaucoup des peintres néerlandais, c’est intéressant de comprendre des dialectes. On a parlé de ce qu’on ressentait et on a rédigé des textes et on a travaillé également l’oral dans le partage de la langue au travers de l’art, c’était agréable. On s’est enregistré et on a créé avec l’aide de la section Ulis qui a filmé nos diverses visites au musée Le MARQ des podcasts avec la web tv du lycée et l’aide De Charline Delhoume professeur documentaliste et de Christine Lozano professeur de français.
En TP SERVICE, en 20 minutes on a découpé un ananas en spirale et en quinconce. On a montré quel était notre métier de valorisation d’un produit exotique de fête et M.Darbelet nous a demandé de placer ce travail de découpe comme on le souhaitait et de le photographier. On a chacun fait des essais et on a saisi la notion du temps entre l’épluchure, la coupe, le produit fini. Le rapport de la forme en volume et le contraste noir et jaune, on tenait quelque chose.
C’est dans notre gestuelle professionnelle que le projet s’est poursuivi. En effet, c’est en tenue professionnelle que nous nous sommes photographiés les uns les autres, notre regard de photographe d’un jour porté sur notre gestuelle professionnelle strictement sans aucun objet, la table nappée jouant le fil conducteur entre le tableau de Chardin et notre métier. Quand on a regardé nos photos, on s’est rendu compte que nos bras, nos mains figés dans les airs au-dessus d’une table, nappée cela devenait poétique, comme sorti du contexte, on créait une émotion, on ressentait des choses. On se regardait et on avait tous envie de poursuivre cette aventure.
Notre aventure s’est poursuivie au musée où Laura et les autres médiatrices nous ont demandés d’aller chercher des tableaux où l’on pouvait retrouver les gestes capturés dans une de nos photos. Quand elles nous ont dit que la visite de nos photos amènerait les visiteurs à découvrir les collections du musée, on a compris qu’on jouerait à notre tour le rôle de médiateurs et nous sommes trop fiers ; Merci pour toute la confiance que vous nous avez accordée. Ce projet est super bénéfique pour nous car il nous a permis de nous réconcilier avec l’Histoire et il nous a rapproché, c’était ludique, on était dans le partage et on s’est rapproché de nos professeurs et entre nous on s’est redécouvert, et on se comprend mieux qu’avant, on a gagné en estime de nous-mêmes, on ne pensait pas qu’on pouvait être nous aussi des artistes.
Samedi 17 mai 2025 pour la Nuit des Musées, on sera présent et on vous espère nombreux !!