SCIENCES 63 : une communauté plurielle
Ce groupe est constitué d’une communauté professionnelle plurielle regroupant un IEN chargé de la mission départementale « Sciences et technologie », un formateur de sciences et technologie de l’INSPE Clermont Auvergne (UCA) , une enseignante de l’école de sciences (centre pilote de la main à la pâte) ; quatre professeurs d’école maîtres formateurs, neuf conseillers pédagogiques de circonscription et quatre professeurs d’école adjoints.
La complémentarité des missions professionnelles de chacun des membres permet d’appréhender toutes les dimensions de l’enseignement des sciences. C’est sur ces bases que le groupe s’est attaché à :
- Se doter de repères épistémologiques afin de faire des choix permettant le développement d’une éducation scientifique émancipatrice à l’école.
- Repérer les besoins des élèves et des enseignants, dans la perspective de la mise en œuvre d’un enseignement par objectifs obstacles ( JL Martinant).
- S’emparer des programmes dans leurs parties les plus délicates pour les rendre accessibles à tous les PE qu’ils aient ou non une culture scientifique.
- Concevoir des outils de formation (animations, capsules vidéo)
- Tester des formations sur le terrain, les affiner, les promouvoir
- Former des formateurs. Développer ensemble des compétences et les diffuser -Les PEMF participent aux animations pédagogiques et développent leur professionnalité. – Ils interviennent ensuite en formation initiale et en formation continue (exemple : suivi des mémoire d’initiation à la recherche des étudiants en Master des métiers de l’enseignement du premier degré). Les CPC dispensent les formations élaborées dans le groupe à l’échelle du département.
- Assurer une veille active et intégrer les apports de la recherche : En lien avec la formation des FSE, Le professeur d’INSPE propose des références didactiques ancrées dans la recherche, et précise des enjeux qui sont connus des CPC des circonscriptions (Culture commune de la formation des jeunes).
SCIENCES 63 : des axes prioritaires de réflexion
Le groupe s’attache à développer l’approche scientifique en maternelle en articulant des activités de familiarisation pratique, en aménageant l’environnement des élèves (coins sciences) avec des activités de conceptualisation permettant l’explicitation de savoirs scientifiques.
Le groupe se veut cohérent avec les orientations générales de l’exploration du monde à l’école maternelle (documents d’accompagnement 2016), qui elles-mêmes sont fondées sur des éléments didactiques portés par différentes auteures comme Maryline Coquidé cantor, Elisabeth Plé (Université de Reims) , Catherine Le Drapier (Université de Franche-Comté (IUFM), UMR STEF (ENS Cachan, INRP)..
- Développer des pratiques langagières tout au long du parcours d’apprentissage, et permettre aux élèves de passer « du faire », à dire « le faire », pour in fine penser « le faire ».
- Accorder une part significative aux écrits de travail structurant la pensée, y compris à l’école maternelle, afin de prendre la distance nécessaire par rapports aux aspects sensibles, et atteindre le savoir en jeu dans l’apprentissage (processus de secondarisation)
- Dégager les enjeux de construction du citoyen dans la construction des savoirs scientifiques par la différence entre croyance et science.
- Questionner les valeurs républicaines à travers l’enseignement des sciences. S’appuyer sur un enseignement explicite et sur le pouvoir du collectif pour que les élèves se construisent.
SCIENCES 63 : des méthodes de travail
Les démarches d’enseignement doivent favoriser : le questionnement, l’échange, la communication, la controverse, la confrontation au savoir institutionnel.
Ceci implique que l’enseignant doit disposer de connaissances préalables afin d’être pleinement opérationnel : connaissances scientifiques, didactiques, professionnelles.
- Analyse à priori des contenus scientifiques
- Étudier des contenus (programmes, programmations, parcours)
- Préciser le champ du questionnement, passer par une phase de motivation donnant du sens … pour conduire des observations et des expériences pour valider, stabiliser, apprendre, référer.
- Repérage épistémologiques : comment construire le savoir ? Comment le valider ? Comment en définir la portée ?
- Prévoir des modalités d’organisation du travail (schéma de Viviane BOUYSSE, IGEN) individuelles, par 2 ou par groupes
- Anticiper le rôle du maître, le rôle de l’élève.
- Développer la maîtrise des écrits en sciences : la place des écrits personnels, des écrits collectifs, des écrits collectifs de la classe avec le maître.
- Développer la maîtrise de la langue en situation : mise en activité, organisation, compréhension, contrôle, interprétation, argumentation, mise en commun.
- Travailler le langage d’évocation : du passé, de ce qui est à venir, de l’ailleurs, des marqueurs, des supports, des traces, des références
- Favoriser l’accès à une pensée rationnelle.
- Analyse des obstacles à l’apprentissage
- Identifier les conceptions, les biais cognitifs rencontrés dans les processus d’apprentissage.
SCIENCES 63 : trois principes fondateurs :
1 – « Exister à l’école c’est participer, se questionner, débattre, être acteur au sein d’un groupe ».
La science y est appréhendée comme une activité sociale, une construction humaine, inscrite dans une communauté scientifique, ou s’exerce le vivre ensemble, le travail de groupe où l’erreur acquière une valeur fondatrice de sorte que : l’élève trouve le sens de l’école, le sens des apprentissages, s’approprie sa démarche de savoir. Enseigner les sciences à l’école primaire, c’est passer d’un enseignement qui privilégie le mode transmissif à un enseignement dont la démarche privilégie la science comme activité sociale vectrice de langage :
- Prendre en compte les idées initiales des élèves (Giordan & de Vecchi, 1994) et élaborer avec eux un discours commun. Induire avant tout un questionnement et le laisser se développer, spontanément mais dans un cadre soigneusement chorégraphié.
- Encourager tout à la fois la discussion entre pairs, pour élaborer des réponses, et le recours aussi systématique que possible à l’expérimentation pour éprouver les propositions des uns et des autres.
- Mettre l’accent sur la méthode, la mise à l’épreuve des idées, des hypothèses, dans un processus collectif, au cours duquel les élèves élaborent les procédures à mettre en œuvre pour les tester.
- Permettre aux élèves à s’approprier, sur des thématiques simples, un certain nombre de « bonnes pratiques » scientifiques, à commencer par le refus systématique de l’argument d’autorité et la primauté de l’expérimentation (Blanquet & Picholle, 2017).
- Permettre l’acquisition de compétences qui organisent dans un même mouvement connaissances et méthodologie, afin que s’établisse une représentation opératoire de la nature de la science, scolaire du moins.
2 – Développer l’enseignement scientifique fondé sur l’investigation
Le groupe s’appuie sur les travaux de synthèse rapportés par Michel Grangeat, professeur des universités en sciences de l’Éducation à Grenoble. Nous nous attachons à développer un enseignement scientifique fondé sur l’investigation qui combine quatre caractéristiques principales:
- Une activité de résolution de problèmes ouverte,
- Une part significative d’expérimentation et de recherche d’informations
- Une possibilité d’autorégulation des apprentissages laissant plus d’autonomie aux élèves.
- Un appui sur les débats scientifiques entre pairs, sur l’explicitation des savoirs.
« Ces démarches conduisent à travailler dans l’incertitude, à revaloriser l’erreur et à favoriser la communication entre les élèves. Ainsi, elles aident à remettre en jeux les stéréotypes qui défavorisent certains élèves car ils les enferment dans un statut prédéfini » (M. Grangeat, 2014).
3 – Développer l’esprit scientifique pour former l’esprit critique.
Le groupe ancre sa réflexion et ses productions sur les six attendus du socle commun des savoirs scientifiques définis par Guillaume Lecointre, enseignant chercheur au muséum d’histoire naturelle à Paris :
- Le scepticisme initial sur les faits et leur interprétation, c’est l’anticipation sur les réponses possibles qui permet d’installer le protocole expérimental, mais on doit accepter d’être surpris.
- Le réalisme. Il existe un monde qui ne dépend pas de l’idée que j’en ai. Pas de fantômes !
- Le matérialisme méthodologique. Tout ce que la science appréhende du monde réel est matière ou propriété de la matière. Les sciences sont limitées au monde matériel. Pas de création immatérielle !
- La rationalité = Logique + Principe de parcimonie. La logique organise des tests d’hypothèses, la rationalité permet de choisir. On ne fait pas d’expériences incompréhensibles, c’est le contraire de l’ésotérisme et de l’obscur. C’est l’esprit des Lumières.
- La transparence des procédures : comptes rendus explicites, ou mission à la critique des pairs.
- La prise en compte de toutes les données pertinentes relatives à la question posée. On ne laisse pas tomber les données dérangeantes. La liberté d’expression ne légitime pas tout ce qui est dit.