Venise, est le résultat d’un processus dynamique entre l’interaction de l’homme et celle d’un environnement naturel. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, c’est son originalité et son unicité qui lui ont attribuée cette reconnaissance. Or, malgré son charme, l’Unesco a menacé plusieurs fois de retirer la ville du patrimoine mondial. En effet, celle-ci a souligné sa particularité géographique contraignante mettant en avant de nombreux aspects négatifs que le réchauffement climatique ne cesse d’accentuer. La ville est alors submergée à cause de la montée des eaux, d’inondations répétitives et un tourisme de massif participe également à la dégradation rapide de la ville et des écosystèmes particulièrement depuis 2017 ! La cité des Doges sera-t-elle engloutie sous les eaux ? Quel avenir réservé pour Venise ?

Le tourisme : le premier facteur de menace de la ville : Pourquoi Venise n’accueille plus de touristes ?
Venise, ville côtière du Nord-Est de la péninsule italienne se situe au milieu d’une lagune isolée au milieu de la mer Adriatique. Elle connaît un immense succès. En effet, sa position atypique joue un rôle clé dans son attractivité. En tant que destination les plus convoitées elle accueille environ 30 millions de touristes chaque année ou encore 90 000 touristes par jour. La ville croule sous le tourisme dit « de masse » : Venise est un secteur qui ne connaît pas la crise. A un point tel que le maire a décidé d’installer plusieurs mesures de restrictions tel que des portiques de régulation dans les zones très touristiques comme les alentours de la place San Marco et durant les périodes de forte affluence. Ce flux incessant de touristes inquiète les Vénitiens, qui sont de plus en plus nombreux à fuir la ville bâtie sur l’eau, ne reconnaissant plus la Venise authentique d’autrefois, ses rues et ses canaux où ils ne peuvent même plus circuler. On note qu’en environ 50 ans la ville a perdu plus de deux tiers de ses habitants. Or, Venise ne peut plus supporter ce flux touristique dévastateur.
Le phénomène est loin d’être nouveau car Venise a toujours été une ville commerciale grâce à son accès maritime et ses canaux, mais l’afflux de plus en plus massif de touristes cause aujourd’hui la pollution de la lagune des canaux mais aussi de la ville entière. Le maire de Venise, Luigi Brugnaro inquiet des excès du tourisme de masse dans sa ville, a décidé de lancer un appel à l’aide le 19 juin 2019 à l’Unesco afin de classer la ville sous liste de « patrimoine mondial en péril ». Figurer sur cette liste lui permettrait d’être préservée grâce à des mesures de restrictions des flux touristiques que par des actions des ONG.
La ville fait face à un deuxième facteur : le phénomène « Acqua Alta »
Les « acqua alta » « eaux hautes » en italien ont lieu depuis des siècles à Venise, de l’automne au printemps, lorsque le niveau de l’Adriatique augmente à cause de la marée. Les Vénitiens sont habitués à ce phénomène qui se reproduit plusieurs fois par an. L’eau des canaux déborde alors et inonde la ville : la place Saint Marc et les rues qui l’entourent, sont envahies par les eaux en premier. Mais récemment le niveau des acqua alta augmente à cause du changement climatique. Ainsi, en novembre 2019, près de 90% du centre a été inondé par près de deux mètres d’eau, une hausse qui ne peut être ignorée !

Ce dernier siècle a montré que la montée des eaux au cœur de la ville s’est accentuée notamment à cause du réchauffement climatique. Venise, bâtie sur 118 îles et îlots en majorité artificiels et sur pilotis, est alors sévèrement menacée d’engloutissement. En un siècle, elle s’est déjà enfoncée de 30 centimètres dans la mer Adriatique.

QU’EST CE QUE LE PROJET MOSE ?
Le maire de Venise avec l’aide de l’ingénieur Alberto Scotti ont décidé de lancer le projet MOSE (ou MOISE en italien) soit un Module expérimental électromécanique. Ce projet est assez impressionnant et prévoit d’installer des digues flottantes qui se relèvent et barrent l’accès à la lagune de Venise en cas de montée des eaux inquiétantes. Ce système peut supporter 3 mètres de hauteur. Jusqu’ici le projet semble être une solution admirable, or plusieurs complications ont freiné l’avancée de sa mise en place : Le projet a été conçu en 1984 et lancé en 2003. Alors qu’il devait être inauguré en 2016, le chantier a pris beaucoup de retard. En cause : des malfaçons et des enquêtes pour corruption…
De plus, de nombreux scientifiques ont insisté sur le fait que ce projet finirait par enfermer et condamner la ville de Venise ce qu’ils ont jugés dangereux pour l’environnement Le coût total du projet devait être de 2 milliards d’euros or, celui ci a pris beaucoup d’ampleur et le prix a explosé au fil des années jusqu’à coûter 6 milliards d’euros. Un projet beaucoup critiqué qui a attisé de nombreuses polémiques des écologistes, convaincus que le chantier sera « inefficace »
« Si le niveau de la mer augmente de 50 cm, les digues flottantes de Mose devront fermer presque quotidiennement pour protéger la ville des inondations. Or, une partie des eaux non traitées de Venise s’écoule directement dans la lagune. (…) Fermer quotidiennement les entrées pourrait ainsi aggraver la pollution microbiologique dans la lagune. »
L’analyse de deux océanographes expliquent sur le site The Conversation,
Sans la résolution de ces deux facteurs, la ville de Venise ne pourra être sauvée et sera progressivement oubliée. Enfin, plusieurs solutions sont petit à petit mises en place pour épargner la ville de cette montée des eaux affligeante et de ce tourisme de masse. Venise arrive alors à sortir la tête de l’eau grâce à la crise sanitaire du Covid-19 qui a pu éloigner les touristes et lui permettre de retrouver son écosystème et un équilibre progressif.