Par Meyer Aline
-Quelles études avez-vous suivies quand vous étiez au lycée Simone Weil ?
-J’ai fait un bac L option anglais renforcé.
-Faites-vous des études actuellement ?
-Non, j’ai fini mon master dans le domaine de l’éducation nationale l’an dernier (2020) et avant celui-ci j’avais fait une licence. De plus, j’ai déjà tenté de passer, sans succès, le concours de CPE juste après avoir fini mon master. J’ai pour projet de le retenter cette année.
– Quand vous étiez au lycée comment avez-vous trouvé votre voie ?
– Alors pour tout te dire ce choix a été pris un peu par dépit au début. Au départ je voulais faire puéricultrice, donc partir en ST2S, mais quand j’ai fait mes vœux on me l’a refusé car mes résultats en maths n’étaient pas suffisants. J’avais demandé en deuxième option STMG mais le conseil n’a pas accepté non plus car « mes résultats étaient trop élevés » donc ils m’ont proposé L. Comme j’aimais beaucoup la philosophie en Terminale, on m’a orienté en licence de sociologie. A mon arrivée à la fac, l’éducation nationale expérimentait un nouveau fonctionnement car beaucoup d’élèves changeaient de pôle en plein milieu d’année. J’ai ainsi eu un semestre commun avec les licences histoire/géographie/sociologie et sciences de l’éducation. J’ai vraiment adoré les matières de l’éducation pendant ces 6 mois, j’ai alors quitté ma licence de sociologie et j’ai continué dans une licence de sciences de l’éducation.
-Et toujours par rapport au lycée : Les centres d’intérêts que vous aviez pendant votre adolescence, les avez-vous encore ou ont-ils changés ?
-Alors je lisais pas mal, ce qui, par ailleurs, n’est plus vraiment le cas. En revanche je faisais beaucoup de sport et j’en fais toujours autant, si ce n’est plus. Sinon, j’appréciais des choses plutôt banales tel que passer du temps avec mes amis. Maintenant que nous avons tous grandi et que nous travaillons ou sommes plongé dans nos études, nous nous voyons selon nos disponibilités.
– Pourrais-je savoir, tout d’abord, en quoi consistait votre parcours post bac?
-J’ai tout d’abord fait une licence « Science de l’éducation », pendant 3 ans, dans laquelle j’ai étudié l’histoire de l’éducation, la psychologie de l’adolescent, la sociologie, la philosophie et l’éducation à la santé. J’ai continué avec master « MEEF encadrement éducatif » dans le but de devenir CPE (conseiller principal d’éducation). Lors de ce master, j’ai étudié les même matières que celles de ma licence mais sans les cours d’éducation à la santé et j’ai également eu des moments dédiés à la préparation aux concours de CPE dans lesquels je me suis spécialisé, avec de la méthodologie de dissertation et de synthèse. Bien que le master ai pour but de te préparer au concours à la sortie de ta cinquième année d’étude post bac, j’ai par ailleurs choisi de les finir sans passer directement le concours.
– Pouvez-vous m’en dire plus sur votre master « MEEF » ?
Le master dure donc 2 ans et se déroule obligatoirement à « l’INSPE » : « Institut national supérieur du professorat et de l’éducation ». Dans le master « MEEF», il y a trois degrés qui servent tous à se présenter au concours spécifique à son domaine : le premier degré sert à devenir professeur des écoles, le second est utile pour devenir professeur d’une matière spécifique, tandis que le troisième a été mis en place pour devenir CPE et c’est par ailleurs celui que j’ai suivi. Les trois concours qui suivent le master MEEF nécessitent inéluctablement un bac plus 5.
Il y a tout de même une petite particularité avec le concours : tu peux, si tu te sens prêt, le passer lors de ta 1ère année de master (lorsque tu n’es encore qu’à bac+4) sous condition de réaliser quand même ta cinquième année à l’INSPE et ainsi finir ton bac +5. Même si le master « MEEF », en fonction de ton choix de degrés, te prépare à un concours spécifique (CPE, professeur spécialisé dans une matière précise ou professeur des écoles), il t’ouvre aussi des portes sur d’autres concours proposés ou non par l’éducation nationale.
– Pour réaliser votre licence et également ce master de l’INSPE, où peut-on aller en France ?
– Il y a un institut par académie : un à Lyon, un à Clermont, un à Montpellier etc. J’ai par ailleurs réalisé mon master dans celui de Clermont Ferrand et j’ai également réalisé ma licence « science de l’éducation » à la fac « Jean Monnet » à St Etienne, une fac de sciences humaines. Cette même fac m’offrait également la possibilité d’avoir une licence en histoire-géographie et une autre en sociologie.
-Pouvez-vous, à présent, me dire comment s’est déroulé votre concours pour obtenir le poste de CPE ?
– L’examen se déroule en deux parties : la première, écrite, se réalise en deux temps : on a tout d’abord une dissertation en 4 heures puis une synthèse en 5 heures. La synthèse se définit comme une épreuve dans laquelle on te donne 10 à 20 pages de document différents, tel que des textes de lois, des articles de journaux ou encore des comptes rendus scientifiques que tu dois synthétiser en rédigeant une dissertation à partir des documents donnés uniquement. Il faut alors saisir les enjeux communs de tous les textes, organiser ses idées et rédiger un résumé assez conséquent, organisé sous forme d’une dissertation. A partir de là les résultats tombent : si on est admis, on va aux oraux, c’est la deuxième partie de l’épreuve, qui elle aussi se décompose en deux temps : il y a tout d’abord un oral dans lequel on va te donner une question sur un thème choisi, il faut alors faire un développement organisé en apportant tes connaissances personnelles. Le deuxième oral s’apparente plus à une étude de cas dans lequel on examine ta personnalité, tes connaissances sur la loi et tes capacités à réagir face à des situations données, certaines plus conséquentes et urgentes que d’autres.
Par la suite, si tu as réussi l’épreuve écrite, les organisateurs totalisent tes quatre notes et prennent les meilleurs suivant le nombre de place. En moyenne seulement 400 personnes sont prises pour réaliser les oraux. Pour donner un ordre d’idée, lorsque j’ai passé le concours nous étions près de 8000 à se présenter pour seulement 260 places finales sur l’intégralité de la France.
-Et les concours se déroulent en général à quelle période de l’année ?
-Les épreuves écrites débutent en mars, les résultats arrivent généralement en avril et pour ceux qui sont admis les oraux se déroulent en juin. Les résultats finaux sont publiés début juillet.
– Par ailleurs votre parcours post-bac vous offre-t-il d’autres débouchés que le métier de CPE ?
– En réalité il y a très peu de débouchés : 80% du temps la fac t’amène sur un master et celui-ci te conduit vers un concours assez spécifique et spécialisé pour un métier ou une branche comme par exemple CPE et l’éducation nationale. C’est très rare qu’après un master tu aies beaucoup de débouchés. Il faut souvent passer par des concours. Ces études-là t’ouvrent seulement sur le concours que tu désires préparer.
– Et avez-vous déjà pensé à vous réorienter ou épanouissez-vous complétement dans votre secteur ?
– Alors ce métier-là m’intéresse réellement et aujourd’hui je ne me vois pas faire autre chose. Mais je t’avouerais que je pense à plusieurs choses. En effet le concours pour être CPE nous oriente vers l’éducation nationale donc dans un métier dans les établissements publics. Mais je peux également chercher à devenir CPE dans le privé, ce qui ne nécessite pas de concours juste un bon niveau d’étude et un entretien d’embauche. Mais les deux métiers n’ont pas les même avantages puisque dans les établissements privés tu n’es pas fonctionnaire de l’état, par conséquent tu dépends de la rentabilité financière du lycée ou collège dans lequel tu travailles, ce n’est donc forcément pas les même salaires. Mais dans tous les cas, si vraiment je n’arrive pas à passer ce concours alors je me réorienterais dans une filière du même domaine, avec des adolescents. J’ai pour motivation de leurs apporter quelque chose, de les aider au mieux pour leur futur et leur vie d’adulte.
– En attendant de réussir ce concours exercez-vous un travail ?
– Oui, je suis surveillante. Sachant qu’un CPE manage son équipe de surveillants, je me suis dit que ça pouvait être bien de voir au moins ce côté-là du travail d’un CPE. Je peux ainsi voir l’envers du décor, c’est par ailleurs assez enrichissant puisque je travaille à leurs côtés.
– Pensais tu au lycée, que la vie étudiante qui t’attendais était la même que celle que tu as réellement vécu ?
– Alors pas du tout : je pensais que j’allais être la tête dans les cours en permanence et finalement, lors de ma licence, je n’avais que 11h de cours par semaine. J’avais alors beaucoup de temps libre pour bosser mais aussi pour profiter. En revanche le master a été très difficile : j’étais habituée à avoir énormément de temps libre et je suis subitement passé à un cycle égal au lycée : 8h-18h avec une charge de travail personnel à fournir très conséquente. Au début, j’ai été submergé mais après un petit temps d’adaptation j’ai pu reprendre le rythme. De plus je travaillais sur deux cycles : avoir mon année mais aussi avoir mon concours, je ne m’imaginais pas travailler autant.
-Pour finir il y a surement des élèves qui désirent suivre le même parcours que toi, aurais tu des conseils à leur adresser ?
-Je leur conseille de prendre des options littéraires et philosophiques car c’est un parcours qui demande énormément de méthodologie de dissertation et de réflexions poussées, argumentées et organisées. Je leur préconise aussi de ne pas se laisser aller pendant la licence et de bien s’accrocher pendant le master car il demande beaucoup d’investissements ! Voilà tout, j’espère avoir pu en aider certains et je leur souhaite bonne chance !