Apollo-Soyouz 1975: une période de répit pendant la Guerre froide.

Apollo-Soyouz (souvent abrégé en ASTP pour Apollo-Soyouz Test Project) a été, en 1975, la première mission spatiale conjointe entre l’URSS et les USA, alors en pleine confrontation durant la Guerre froide. La conquête spatiale est un enjeu majeur de la rivalité politique ainsi que le terrain d’une compétition technologique acharnée entre l’URSS et les États-Unis, où chacun tente de démontrer sa supériorité.

A la fin des années 60, sur Terre, Américains et Soviétiques se sont livrés des conflits par nation et matériel interposés en Corée. Dans le même temps, le conflit au Vietnam prend de l’ampleur.

Pourtant, le domaine de l’astronautique est relativement épargné. Les deux blocs sont signataires du traité de l’espace. Lors de la catastrophique mission Apollo 13, l’URSS propose d’ailleurs son aide aux américains, tandis que les astronautes d’Apollo 15 déposent solennellement sur la Lune une plaque où figurent les noms des pionniers morts pour la conquête spatiale et sur laquelle figurent les noms de six cosmonautes décédés. Des lettres s’échangent entre les agences, et malgré des demandes insistantes des militaires, des rencontres ont lieu.

En 1972, la NASA n’a déjà plus le budget pour continuer l’aventure lunaire et le développement des navettes va démarrer. Poussée par les politiciens, une mission conjointe avec l’URSS a du sens : clore l’aventure Apollo avec une main tendue. Côté Soviétique, la proposition est vite acceptée. Il s’agit aussi de montrer que même s’ils n’ont pas atteint la Lune, la capsule Soyouz est sur un pied d’égalité avec le véhicule américain. D’autant qu’elle continue d’évoluer, car l’URSS s’est engagée dans un ambitieux programme de stations spatiales au long cours

En 1972, soit trois ans après les premiers pas sur la Lune, la conquête spatiale est une priorité pour l’Union soviétique et les États-Unis. Dans les années 1970, la relation qu’entretiennent ces deux grandes puissances se détend et les mène à une coopération économique et ce, notamment dans le domaine spatial, d’autant plus que le récent rapprochement entre les États-Unis et la Chine inquiète fortement l’URSS qui elle, voit ses relations avec la Chine se détériorer.

C’est alors que le 24 Mai 1972, un “rendez-vous orbital” au dessus de l’océan Atlantique, à environ 225 km d’altitude est ratifié entre les vaisseaux Apollo et Soyouz, projet dont le prix est de 250 millions de dollars. L’équipage russe est composé d’un commandant Alexeï LEONOV et Valery KUBASOV, ingénieur russe, tandis que l’équipage américain, lui, est composé de 3 personnes, Thomas Stafford, commandant du vaisseau, Vance DeVoe Brand, le pilote du module de commande, et Donald Kent Slayton, pilote du module d’amarrage. L’amarrage étant une opération réalisée dans l’espace et destinée à rendre solidaire des engins spatiaux

http://www.capcomespace.net/dossiers/espace_US/astp/astp-s75-22410.jpg

L’équipage américano-soviétique composé de 3 astronautes américains et 2 cosmonautes russes

Nos peuples et nos gouvernements veulent travailler ensemble dans un esprit de coopération

Alexeï LEONOV, cosmonaute russe

En ce qui concerne la chronologie de la mission, elle se constitue en plusieurs étapes:

  • 15 juillet à 12:20 : décollage de la fusée Soyouz-U depuis Baîkonur
  • 15 juillet à 19:50 : décollage de la fusée Saturn IB depuis Cap Canaveral
  • 17 juillet à 16:09 : 1er amarrage entre les deux vaisseaux (1jour, 19h et 54mn)
  • 9 juillet à 12:34 : second amarrage entre les deux vaisseaux, sans transfert d’équipage (2h52mn)
  • 21 juillet à 10:50 : atterrissage de la capsule soviétique 7K-TM dans les plaines du Kazakhstan. (5 jours, 22h et 31mn.)
  • 25 juillet à 03:18 : amerrissage de la capsule américaine Apollo dans l’océan Pacifique (9 jours, 7h et 28mn)

Les écoutilles s’ouvrent alors, et s’en suivra l’une des poignées de mains les plus célèbres entre Leonov et Stafford à l’issue de laquelle les deux équipages recevront les félicitations de Leonid Brejnev et de Gerarld Ford, devenu président des Etats-Unis. Les deux vaisseaux vont rester ainsi arrimés durant 24 heures, les 5 membres des deux équipages se mêlant pour réaliser des expériences scientifiques en commun. Puis ils se séparent, restent chacun quelques jours supplémentaires en orbite, faisant des expériences de leur côté, et retournent sur Terre, où ils sont accueillis comme des héros.

La mission Apollo-Soyouz restera gravée comme un évènement historique précurseur dans le genre avec une mise en commun des technologies. La plus grande réussite de cette mission ne fut pas que technique ou encore scientifique, mais bien politique, puisqu’elle permit aux opinions publiques des deux camps de se rendre compte que Soviétiques et Américains pouvaient trouver des terrains d’ententes. D’autant plus que les astronautes Américains et les cosmonautes Russes n’ont refermé leurs vaisseaux que près de quatre heures plus tard, après avoir échangé des cadeaux, signé un document commun de coopération spatiale et dîné ensemble. Cette rencontre spatiale illustre le dégel symbolique entre les 2 superpuissances.

Apollo et le module d’amarrage vus depuis Soyouz 19

Soyouz 19 vu depuis Apollo

https://www.techno-science.net/definition/2633.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1975/07/19/prouesse-technique-et-diplomatique-la-reussite-du-rendez-vous-apollo-soyouz-aura-peu-de-prolongements-immediats_3099656_1819218.html

https://www.linternaute.fr/actualite/guide-histoire/1788667-conquete-spatiale-resume-dates-exploration-espace/