Viollet-le-Duc, un sauveur controversé du patrimoine médiéval français

Vézelay : Comment Viollet-le-Duc a sauvé et restauré la basilique Sainte-Marie-Madeleine malgré son manque d’expérience?

Le célèbre architecte du XIXe siècle Eugène Viollet-le-Duc a sauvé lors de son premier chantier un bâtiment très symbolique à ses yeux : la basilique Sainte -Marie- Madeleine de Vézelay, dans l’Yonne. C’est grâce à Prosper Mérimée, alors inspecteur des monuments historiques, que ce chantier lui est confié suite à de nombreux refus d’autres architectes. En avril 1840, il n’a que 26 ans lorsqu’il s’attaque à la restauration de cet édifice qui était au bord de la ruine, et voué à la démolition. Quand Viollet-le-Duc arrive sur les lieux, il remarque les nombreux dégâts subi par les outrages du temps: en 1793, pendant la Révolution la française, les sculptures qui ornent les portails de la basilique ont été martelées; en 1819, un incendie a ravagé la tour Saint-Michel, et l’édifice a été fortement dégradé par le ruissellement des eaux.

la façade ouest de la basilique de Vézelay en 1836, gravure de «France historique et monumental» par Jean-Abel Hugo

Un chantier très long qui durera 19 ans

Pendant toute la durée de sa restauration, Viollet-le-Duc veille avec un soin tout particulier sur le chantier de cette basilique car pour lui c’est un défi de réussir à la restaurer, mais aussi en raison de son empathie pour le moyen âge, dont il se veut l’héritier. Dans un premier temps il doit se consacrer à 3 voûtes situées à l’intérieur de la grande nef romane. Celles-ci menacent de s’écrouler mais il essaye de les recentrer malgré le peu d’équipement à sa disposition. Puis il découvre les chapiteaux sculptés qu’il étudie, puis copie, et enfin restaure. Il reconstruit par la suite les arcs-boutants, la façade ouest ainsi que le chœur. On constate que l’ampleur de toutes ces tâches ne le décourage pas du tout. En plus de rénover, c’est aussi un innovateur. De plus pour mener à bien son projet il met en avant son talent d’artiste en redessinant la totalité du bâtiment avant de le restaurer. À l’aide de la gradine, il utilise les mêmes outils afin de garder l’apparence du moyen-âge.

“Viollet-le-Duc décide de faire une chose qu’on jugerait totalement folle aujourd’hui et qui est extrêmement audacieuse”, explique Lourant Hequet, premier adjoint au maire de Vézelay. “Il décide de rétablir l’édifice tel qu’il devait être à l’époque romane au 12e siècle.”

Le chantier de restauration de Vézelay prendra fin en 1859 malgré de nombreuses difficultés pour trouver l’argent nécessaires aux travaux. Grâce à Viollet-le-Duc la basilique à retrouver son prestige en accueillant deux communautés monastiques de Jérusalem. En 1979 l’édifice sera classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et fera parti de l’un des hauts-lieux de l’art roman français. Cependant le chantier n’a pas totalement été finalisé du fait qu’il avait plusieurs chantiers en même temps que Vézelay. C’est seulement à partir de 2019 que les travaux vont réapparaître et vont pouvoir se terminer.

façade restaurée

Quels sont les autres rénovations de Viollet-le-Duc ?

Sa carrière est maintenant lancée et ses chantiers de prestige vont se succéder. Une vingtaine vont avoir lieu en plus de Vézelay. La Sainte-Chapelle, Notre-Dame de Paris, Saint Denis, Carcassonne et ses remparts etc. Il établira ses mêmes idées pour le reste de ses restaurations c’est à dire en mettant en œuvre ses principes théoriques sur l’architecture : proscrivant l’emploi de matériaux considérés comme modernes et privilégie la structure architecturale de l’édifice au détriment du décor et de la diversité des ajouts effectués au cours de l’histoire. Pour Viollet-le-Duc, “restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir en état complet qui peu n’avoir jamais existé à un moment donné. En Bourgogne, il mena à bien la restauration de plusieurs église dont celle de Pontivy, la porte Saint-André, Flavigny etc. En plus des édifices religieux il va restaurer de nombreux châteaux privés tel que le château de Pierrefonds appartenant à Napoléon III.

Polémiques autour des restaurations

Dès la fin du siècle, ses restaurations ont été jugées démesurées et ont suscité de nombreuses polémiques : reprocher de la lourdeur de ses inventions et son refus de prendre en compte l’évolution architecturale dans le temps au nom d’une exigence d’unité stylistique. Pour ses détracteurs, le monument doit être traité en tant qu’être vivant, ainsi que le préconisaient les Romantiques et la stratification des différentes époques respectées. Des monuments historiques vont par la suite poussé à la “dé-restauration” à partir de 1979, exemple : Saint-Sernin situé Toulouse en vue de retrouver l’état originel de la basilique avant les ajouts effectués par Viollet-le-Duc. Mais ces polémiques ne pourrons en aucun cas masquer l’influence de cet architecte. À la suite de la première guerre la mondiale ses théories sur la structure architecturale et sur la restauration conçue comme une lecture de l’édifice furent remise à l’honneur suite aux nombreux monuments quasiment détruits.

Pour conclure Viollet-le-Duc est considéré comme le sauveur controversé du patrimoine médiéval français puisqu’il est excentrique et atypique. « Il s’est formé par le voyage, en dehors de toute académie. Pour lui, voir, c’est savoir ». Enfin pour sa dernière restauration qui était le Mont-Blanc il voulait gommer l’érosion de l’ère glaciaire par une technique de cristallisation et des calculs mathématiques. 

sources : Wikipédia, france 2, france info, le monde, http://bit.ly/Youtube-DRDA, http://www.bourgogneromane.com/edifices/vezelay.htm, société opus 5 architectes, le parisien