Un fils d’ouvrier devenu dictateur, mais comment est-ce possible ? Nous allons, tout au long de cet article, suivre la surprenante histoire de ce personnage parti de loin, et qui est aujourd’hui l’une des personnes les plus influentes de la planète.
Ce 3ème enfant d’une famille ouvrière de Saint-Petersbourg est né le 7 octobre 1952. Les 2 premiers enfants de cette famille sont tous les deux décédés en bas âge pendant le siège de Leningrad (1941-1944) alors que son père était soldat de l’armée rouge. Ses grands-parents paternels étaient des paysans du hameau de Pominovo.
Une enfance dans l’Union soviétique
Quelques jours après sa naissance, sa mère demande secrètement que son fils soit baptisé dans la cathédrale de la Transfiguration, alors que le baptême peut être sévèrement puni en Union soviétique.
C’est un élève médiocre mais il pratique depuis l’âge de 12 ans le judo et le sambo (sport de combat né dans les années 1930 en URSS) dont il est le champion de Leningrad. Il devient le maître des sports de sambo en 1973 et de judo en 1976. En parallèle, il est diplômé de l’université de droit de Leningrad en 1975. Il parle couramment l’allemand, ayant habité la république démocratique allemande, cependant il ne maitrise que très peu l’anglais.
Notre protagoniste souhaite se faire embaucher au KGB à 16 ans, sans succès !
Une carrière obscur dans les services secrets soviétiques
Après ses études universitaires et une formation initiale sommaire dont on ne sait pas grand-chose, il entre au service territorial décentralisé du KGB où il sert pendant plusieurs années avant de démissionner, après être devenu conseiller aux affaires internationales à la mairie de Leningrad, en 1991.
C’est à cette époque que se développe un modèle de corruption autour de notre protagoniste. Il est alors nommé président du parti du président, et dirige les élections législatives de 1996. L’année suivante, il entre dans l’administration présidentielle puis, les années suivantes, il obtient des postes à responsabilités dans différentes instance du gouvernement. Il devient premier ministre le 9 août 1999 puis président par intérim le 31 décembre. Il est élu démocratiquement, dès le premier tour, quelques mois plus tard. En septembre 2000, un article dans le Moscou Times révèle cependant des preuves de fraude électorale. Il est réélu 4 ans plus tard pour un deuxième mandat, pendant lequel il investit dans les renseignements et l’armée dans le cadre de sa politique de reprise en main du pays.
Une fulgurante ascension politique
Alors qu’il approche du terme de son deuxième mandat présidentiel, il déclare à plusieurs reprises ne pas avoir l’intention de demander une modification de la Constitution afin de briguer un troisième mandat consécutif en mars 2008. Mais il change d’avis et garde le pouvoir par un tour de passe-passe : son ancien premier ministre, A. Medvedev, se présente aux élections, est élu président et le nomme aussitôt Premier ministre… Dans le même temps, il fait finalement modifier la constitution afin de donner plus de pouvoirs au premier ministre pendant son mandat mais aussi pour qu’il puisse se représenter a la fin du mandat de Medvedev !
Une constitution manipulée pour conserver le pouvoir
A la suite de cela, il devient donc chef du gouvernement de Medvedev jusqu’en 2012. S’en est suivie une série de réformes de la constitution russe afin de pouvoir se présenter à d’autres élections présidentielle. Le 10 mars 2020, la Douma a ainsi voté un amendement du projet de révision constitutionnelle qui permettrait à Vladimir Poutine ainsi qu’à l’ancien président Dimitri Medvedev de briguer deux nouveaux mandats consécutifs après 2024, ouvrant la voie à la possibilité du maintien au pouvoir du président russe jusqu’en 2036 ! Le 14 mars suivant, Vladimir Poutine signe l’amendement de la Constitution lui permettant de briguer deux mandats supplémentaires. Après validation du texte par la Cour Constitutionnelle, le président annonce qu’un vote par référendum qui est adopté avec 77,9 % des suffrages exprimés. Notre protagoniste met ensuite en place des lois que lui procure des avantages comme celle du 22 décembre, qui lui donne l’immunité judiciaire à vie aux anciens présidents, ainsi qu’à leurs proches : ce nouveau texte dispose qu’un ex-président russe « ne peut être poursuivi pénalement ou administrativement » ; il ne peut pas, par ailleurs, être arrêté par la police, subir un interrogatoire ou être perquisitionné.
Un rapport conflictuel avec les opposants politiques
L’opposant Boris Nemtsov, qui s’apprêtait à publier un rapport intitulé Poutine. La Guerre, est assassiné en 2015 devant le Kremlin, ce qui fait de nouveau descendre des gens dans la rue. Ensuite, le 4 juin 2021, il promulgue une loi, adoptée en mai par la Douma, qui interdit aux collaborateurs d’organisations qualifiées par la justice d’« extrémistes » de participer aux élections. Une grande partie de l’opposition y voit un moyen de limiter le nombre de candidats hostiles au pouvoir en place.
Comme vous avez pu le deviner tout au long de notre article, la personne que nous vous avons présenté est Vladimir Vladimirovitch Poutine, qui, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, est considéré comme un dictateur. Il est visé par un mandat d’arrêt émis le 17 mars 2023 par la Cour pénale internationale (CPI, qui compte 123 états membres et siège à La Haye aux Pays-Bas) ainsi que Maria Lvova-Belova pour leur participation et leur responsabilité à des crimes de guerre perpétrés en Ukraine depuis l’invasion russe, et notamment l’enlèvement et la déportation de 16 000 enfants Ukrainiens.
Estelle D., Meïlyne F. et Arthur G.