La fin du XXème siècle est marquée par des bouleversements politiques d’une ampleur historique, et au cœur de ces changements se trouve l’effondrement de l’Union soviétique. Cependant, un aspect souvent négligé de cette période tumultueuse relève du rôle joué par les démocraties populaires d’Europe de l’Est dans ce processus, rôle que nous allons approfondir dans cet article.
Au bord du gouffre, les rouages de l’âge rouge…
L’URSS désigne l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. C’est un état
fédéral qui s’étale sur presque 70 ans, de 1922 à 1991. Il se composait de quinze républiques, parmi elles figuraient la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie…
Elles dépendaient alors économiquement et politiquement de l’URSS. Durant la guerre froide, qui oppose le bloc de l’est au bloc de l’ouest depuis 1947, le monde communiste, dirigé par l’URSS, semble très puissant. Mais ce colosse va être confronté à des révolutions nationalistes dans les démocraties populaires.
Carte de l’ ex URSS
Une atmosphère séditieuse…
La première à éclater est la fameuse insurrection de Budapest en 1956, une révolte populaire spontanée contre le régime communiste hongrois imposé par l’union soviétique. Les Hongrois, fatigués par la répression politique, la censure et les conditions économiques difficiles, demandent des réformes politiques et la
fin de l’influence soviétique. Cette insurrection sera écrasé par l’intervention des troupes du “Pacte de Varsovie“, alliance militaire des “Démocraties populaires” communistes sous contrôle soviétique : 2500 Hongrois furent tués et plus de 200 000 fuirent le pays.
Quelques années plus tard, en 1968, une nouvelle révolution éclate – cette fois ci en
Tchécoslovaquie – appelée “printemps de Prague“. Il s’agit d’ une période de l’histoire de la république socialiste Tchécoslovaque durant laquelle une tentative de réformes politiques a eu lieu; celles-ci visaient à reconstruire des fondations économiques solides et une politique respectant les traditions démocratiques de la Tchécoslovaquie. Les troupes du “Pacte de Vasovie” interviennent à nouveau, mettent fin au processus de libéralisation. Un événement est resté le symbole de cette répression : l’immolation, le 16 janvier 1969, du jeune étudiant Jan Palach sur la place Venceslas à Prague, en protestation contre la suppression de la liberté d’expression.
Un printemps inattendu…
Mikhaïl Gorbatchev arrive à la tête de l’URSS en 1985 : sa politique vise essentiellement à restructurer l’URSS sur le plan économique avec la Perestroïka et transformer l’image du régime par une plus grand transparence avec la Glasnost. Il s’agit en effet d’une complète réorganisation pour la puissance soviétique. Dans cette optique, il ne cherche pas à empêcher le mouvement de libéralisation dans les pays alliés
L’ arrivée de Gorbatchev, un tournant décisif…
M. Gorbatchev, persuadé que toutes ces composantes ne forment qu’un seul et même peuple, sous-estime la montée du nationalisme. Les Républiques baltes jouent un rôle pionnier dans ce processus de désintégration de l’URSS. Dès 1986-1987, elle voit fleurir des groupes de défense de la langue nationale. Rapidement, ces groupes se rassemblent dans des fronts nationaux qui catalysent la contestation populaire. En 1989, par la force des peuples, les démocraties populaires s’émancipent du corset de fer soviétique, ce qui entraîne l’émiettement du bloc de l’est. Des manifestations sont de plus en plus courantes et ces mouvements, lors de la même année, précipitent la chute du Mur de Berlin en novembre 1989. Construit en 1961, il permettait la séparation de Berlin-Ouest et Berlin-Est. Suite à ces manifestations, cette même année, l’Allemagne, la Pologne, la Tchécoslovaque, la Roumanie et la Bulgarie se détachent du bloc de l’est. C’est le début d’ une longue et lente déchéance pour la sphère d’influence soviétique. En mars 1990 est ainsi proclamée l’indépendance de la Lituanie. Dans le même temps, l’Estonie annonce l’ouverture d’une période transitoire vers l’indépendance, suivie de la Lettonie.
En mai de la même année, dans les républiques soviétiques du Caucase, des fortes
tensions inter-communautaires se mêlent aux expressions nationalistes. L’inaction de
Moscou face à cette violence pousse les Arméniens à s’organiser au sein de collectifs qui réclament la démocratie et l’indépendance. En Géorgie, la répression des tensions inter-communautaires entre Géorgiens et Abkhazes par Moscou renforce le mouvement nationaliste. A l’inverse, les républiques musulmanes d’Asie centrale voient le pouvoir communiste s’y maintenir plus efficacement. Cette accumulation de difficultés fragilise Gorbatchev et précipite la décomposition de l’URSS.
L’ émiettement du bloc de l’ Est
Le 20 novembre 1990, Boris Eltsine président de la République socialiste de Russie
signe un accord bilatéral avec Leonid Kravtchouck, son homologue ukrainien. La Russie et l’Ukraine reconnaissent mutuellement leur souveraineté et s’engagent à coopérer. Deux jours plus tard, un traité du même type est conclu avec le Kazakhstan. Ces initiatives menacent le pouvoir de Gorbatchev, inquiet de la désagrégation de l’URSS.
Or, brutalement, le 13 janvier 1991, des troupes soviétiques prennent d’assaut le parlement et la télévision de Vilnius, en Lituanie, pour tenter de contrecarrer l’indépendance déclarée dix mois plus tôt. Ce coup d’Etat anti-démocrate échoue pourtant, notamment grâce à Boris Eltsine, qui condamne fermement l’usage de la force. Ces événements accélèrent le mouvement vers l’indépendance de la Lettonie et l’Estonie, en mars 1991,après un référendum qui la concrétise. Quelques semaines plus tard, la Géorgie se déclare indépendante à son tour.
L’union des différentes républiques est repensée et les discussions s’enlisent
rapidement. Après trois mois de débat confus, Boris Eltsine accélère le processus de
désintégration de l’union en mettant en marche l‘indépendance de la Russie. Le 12 juin1991, il se fait élire au suffrage universel président de la Russie et acquiert une légitimité supérieure à celle de Gorbatchev.
La même année, Mikhail Gorbatchev démissionne de son poste de secrétaire
général du Parti communiste. L’indépendance de l’Ukraine est proclamée par référendum le 1 décembre 1991. Boris Eltsine, Leonid Kravtchouk et Stanislav Shushkevich-le président de la Bioelorussie – créent la Communauté des États indépendants (CEI) ouvert a tous les États de l’ex URSS. Le 21 décembre, 11 des 15 ex républiques soviétiques a l’exception donc des pays baltes et de la Géorgie signent le traité fondateur de la CEI.
Enfin, le 25 décembre 1991, Mikhail Gorbatchev prononce face aux caméras de
télévisions le discours du nouveau monde annonçant la fin de l’URSS.
De nouvelles perspectives pour le monde
Plongez dans cette fascinante période de l’histoire contemporaine, où les réformes
audacieuses de Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique et l’effritement des régimes
communistes dans les pays de l’Est ont redéfini les contours du monde. Des soulèvements populaires aux défis économiques et sociaux, cette transition démocratique a été marquée par des moments de tumulte et d’espoir. Pourtant, au-delà des obstacles, elle a ouvert la voie à de nouvelles perspectives de liberté et de démocratie, laissant un héritage durable qui continue d’influencer les dynamiques politiques et sociales en Eurasie. Cette période offre des leçons précieuses sur la résilience humaine et la quête universelle de liberté, invitant à une réflexion sur les implications et les défis des processus de transition démocratique à travers le monde.
Certains restent cependant toujours nostalgiques de cette ancienne puissance
soviétique…
”La désintégration de l’ URSS est la plus grande catastrophe du XXème siècle”
Vladimir Poutine, avril 2005
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Nos sources :
- Christian Grataloup, Les arènes du savoir, 1989-91, l’effondrement du monde communiste et la disparition de l’URSS, Atlas historique de l’APHG.
- Fiches Wikipedia : “Insurrection de Budapest“, “Printemps de Prague“, “Perestroïka“.
- Open editions books, Le printemps de Prague et sa répression.
Eliot G., Yaël L. et Jules V.