Nelson Mandela est devenu le symbole de la lutte contre l’apartheid et de l’instauration d’une nation démocratique “arc-en-ciel” en Afrique du Sud. Mais bien d’autres militants ont contribué à cette transition, chacun à leur niveau. Desmond Tutu en est probablement l’un des exemples les plus frappants. Nous retraçons ici son parcours dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid et de l’Afrique du Sud post-apartheid.
L’union sud-africaine nait en 1910 avec le départ des Britanniques, mais ce nouveau pays connait rapidement les premières lois de l’Apartheid. La population noire forme donc rapidement un mouvement de résistance pour lutter contre la minorité blanche. A partir de 1948, l’Afrique du sud est marquée par la mise en place de la politique d’Apartheid : un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires. La discrimination, voire l’exclusion, d’une partie de la population, qui ne dispose pas des mêmes droits, lieux d’habitation ou emplois que le reste de la collectivité caractérise ce régime de ségrégation systématique des populations de couleur. Seule la minorité blanche connaissait la démocratie représentative avec la mise à l’écart des autres ethnies du pays.
Cette situation s’explique par le fait que d’anciens colons européens (néerlandais, allemands et Français) se sont installés dans cette partie de l’Afrique dès le XVIIème siècle, ont développé et revendiqué une identité nationale forte et excluante. Elle aboutit finalement à un nationalisme afrikaaner exacerbé par la religion, la souffrance et la guerre contre l’impérialisme britannique.
L’Apartheid : l’état de séparation
Deux hommes notamment, se sont battus pour vaincre l’Apartheid et faire de l’Afrique du Sud, une démocratie et retrouver la paix entre « Les Noirs et les Blancs“. Nelson Mandela, de 13 ans l’aîné de Desmond Tutu, a pris le tournant de la lutte armée. Il est rapidement devenu l’ennemi public numéro un, et a été prisonnier politique resté enfermé 27 ans. De son côté, Desmond Tutu, homme de foi tenant de la non-violence, infatigable défendeur des injustices, avait la croix comme bouclier contre le régime raciste. Les deux hommes avaient une relation complexe, fondée sur le même engagement pour la justice et une amitié profonde malgré quelques désaccords.
Approfondissons le rôle important de cet archevêque, Desmond TUTU. En effet, il se mobilise et proteste car selon lui, aucun gouvernement n’est légitime s’il ne représente pas bien l’ensemble de sa population.
« Nous allons prier pour la chute d’un gouvernement qui nous représente mal. »
Desmond Tutu, le 20 novembre 1976
Son engagement est tout d’abord marqué par son pacifisme. Desmond Tutu disait alors que son objectif était la construction « d’une société juste et démocratique sans division raciale » ; il a établi les exigences minimums permettant d’y parvenir, parmi lesquelles on comptait les mêmes droits civiques pour tous, un système commun d’éducation et la cessation des déportations. Il fait passer « un message de paix et de non-violence ». D’ailleurs, son combat pacifiste contre le système de l’apartheid, est reconnu et récompensé le 16 octobre 1984, par le prix Nobel de la paix. Pour lui, la paix entre les peuples est la seule voie possible.
Son parcours est par ailleurs marqué par sa foi. Né en 1931, il devient le premier archevêque anglican noir. Ses conférences et ses écrits firent de lui la « Voix ». Comme tant de héros sud-africains, l’archevêque est venu d’un milieu social peu aisé, Il s’est joint à l’église anglicane, en s’inspirant d’un certain nombre de clercs qui s’étaient opposés à l’Apartheid.
une personnalité hors du commun
Tutu a soutenu le boycott économique de son pays, tout en encourageant constamment la réconciliation entre les différentes factions liées à l’Apartheid. En 1977, Desmond Tutu fait le prêche des funérailles de Steve Biko, fondateur du Mouvement de conscience noire et co-organisateur des émeutes de Soweto, assassiné par le pouvoir. Il rend par la suite régulièrement hommage à Biko et au Mouvement de conscience noire.
Après la chute de l’Apartheid, Desmond Tutu est devenu en 1995 président de la Commission de la vérité et de la réconciliation créée par le président Nelson Mandela, une expérience de justice restaurative (processus dont l’objectif est d’instaurer un dialogue entre auteurs et victimes de crimes). Cette nomination est critiquée par ses opposants mais Tutu est tenace et charismatique. Il y est chargé de faire la lumière sur les crimes de l’Apartheid, et notamment de recenser toutes les violations des droits de l’homme depuis le massacre de Sharpeville en 1960.
Lors de son parcours, il subit aussi des critiques et traverse des controverses. Il s’est ainsi plusieurs fois opposé à la politique israélienne en Palestine. Il décrit le nationalisme juif comme ayant « beaucoup de parallèles avec le racisme », tout en le comparant à des régimes totalitaires, comme l’Allemagne nazie ou l’Afrique du Sud sous l’apartheid. En 2002, il provoque une controverse en qualifiant la situation en Palestine d’« Apartheid » et en déclarant : « Cela me rappelle tellement ce qui nous est arrivé au peuple noir en Afrique du Sud ».
Aujourd’hui, l’Apartheid n’existe plus en Afrique du Sud. Depuis les actions de ces héros, ce pays évolue commune une démocratie aussi bien que cela puisse l’être avec son histoire, son passé et s’ouvre au monde. C’est le pays le plus riche du continent, et l’un des plus beaux, attire plus de 6,5 millions de visiteurs par an. Mais la criminalité en Afrique du Sud est un problème important, avec un taux de meurtres, attaques à main armée, viols et autres crimes supérieur à la majorité des autres pays dans le monde. Le sujet est devenu un débat politique majeur dans l’Afrique du Sud post-apartheid.
Lise C. et Cassidy D.
Les sources utilisées :
- Fiches Wikipedia : “Desmond Tutu“, “Apartheid“, “Nelson Mandela“
- Patrice Claude, Desmond Tutu, l’infatigable voix des opprimés, Le Monde, Disparitions, 26 décembre 2021.
- Dans les archives de Libé, Le jour où Desmond Tutu reçu le prix Nobel de la paix, Libération, décembre 2021.