Alors que l’Eglise défend les valeurs traditionnelles religieuses de la Russie, le président Vladimir Poutine s’en fait une alliée. En effet, l’influence de l’Eglise ne cesse de s’accroître, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Russie, depuis la chute du bloc soviétique. De son côté, le maître du Kremlin considère que l’identité nationale passe aussi par la religion orthodoxe. Aussi l’Eglise orthodoxe peut-elle être considérée comme une institution d’Etat : pour Vladimir Poutine, c’est donc un levier de pouvoir dont il use avec habileté depuis son arrivée au pouvoir.
Vladimir Poutine s’en est d’abord rapproché afin de garantir ses réélections successives, souvent suspectes de fraudes, pour soigner son image d’homme « proche du peuple ». Pour cela il assiste à de nombreuses messes, telles que la messe de Pâques dans l’église du Christ Sauveur, siège de la religion orthodoxe en Russie. Il y a également assisté à l’assemblée des évêques réunie par le patriarche de Moscou et de toute la Russie. En effet, il faut savoir que ce dernier, Cyrille 1er, partage complètement la vision du monde de Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir ; il a même soutenu officiellement sa candidature aux élections présidentielles de 2012. Cependant cette stratégie ne fait pas l’unanimité, puisque de nombreuses voix se sont élevées en Russie pour protester contre la place croissante de la religion dans les écoles où des prêtres donnent maintenant des cours de “culture orthodoxe”. En 2012, la performance du groupe contestataire des Pussy Riot, venues chanter une « prière anti-Poutine » dans la cathédrale du Christ Sauveur leur a valu une condamnation à deux ans de camp. V. Poutine a approuvé cette peine, reprochant aux trois jeunes femmes de « saper les fondements de la morale », ce qui confirmait le resserrement des liens entre l’Etat et l’Eglise.
Cette alliance peut également être un avantage pour la Russie puisque la religion orthodoxe occupe une place importante dans plusieurs pays de l’ex-URSS. Poutine a alors tout intérêt à entretenir ses liens personnels avec l’Eglise orthodoxe afin de chercher à étendre son influence en Europe de l’est en privilégiant le soft power. Ce dernier se traduit également dans d’autres pays plus éloignés tel que la France. Ainsi, à Paris en octobre 2016 a été inaugurée la Cathédrale Sainte-Trinité, inaugurée en octobre 2016. Le projet avait été lancé en 2007, à l’époque ou la France et la Russie entretenaient de bonnes relations. Cette cathédrale devient alors un « centre culturel et spirituel orthodoxe » en France montrant la grandeur de la Russie de par son imposante architecture et sa localisation en plein centre de Paris. Cependant ce projet qui avait pour but, en plus de reprendre une place importante sur la scène internationale à travers ce rapprochement avec l’église orthodoxe pour la Russie, de rallier la France et elle-même pour davantage de diplomatie, se voit aujourd’hui « inutile » puisque la France n’entretient plus de relations favorables avec la Russie mais inversement:
« Aujourd’hui on est en plein refroidissement, et en fait la France est certainement le pays d’Europe qui traite le plus durement la politique de Vladimir Poutine, que ce soit en Ukraine, en Crimée, en Syrie »
explique Jean-François Colosimo.
Enfin cette coalition n’est pas que bénéfique pour l’Etat de la Russie mais également pour l’église orthodoxe qui essaye d’influencer l’état dans la prise de décision nationale. En effet l’église orthodoxe mène une influence croissante dans les affaires nucléaires. Selon la thèse de Dimitri Adamsky, la religion orthodoxe et la politique nucléaire ont fusionné en Russie. Cela est tel, que désormais le clergé fait partie intégrante de l’armée : les prêtres ont accès à tous niveaux de commandements. Ils y ont favorisé le patriotisme et le moral et ont assumés certaines responsabilités dans les programmes visant à vérifier la fiabilité du personnel… Certains responsables orthodoxes se sentent cependant mal à l’aise vis avis de la place prise par la religion dans les affaires nucléaires leur accordant une place importante au sein de l’état mais qui se verrais dériver des valeurs morales de la religion…
Ainsi, depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les relations entre l’Eglise orthodoxe et lui-même ne cessent de s’accroitre. Il s’en fait un allié très important puisqu’elle devient un levier d’influence au sein du pays tout comme à l’extérieur permettant ainsi l’expansion du pouvoir russe. L’Eglise quant à elle joue un rôle de plus en plus important dans la prise décisions de l’Etat ce qui peut influer sur leurs valeurs traditionnelles et instaurés de nombreuses protestations contre son alliance et contre le régime de V. Poutine.
Nous pourrons nous demander par la suite si cette alliance tend à perdurer, si elle comporte un risque au sein même du pays er si cette stratégie d’expansions du pouvoir russe semble se manifester davantage dans les anciens pays soviétiques afin de retrouver l’influence passer du pouvoir de la Russie sur les autres pays.
sources:
géopolitique du monde institut ega, defnat, huffingpost, france inter, diplomatie humanitaire, la croix