Il y a aujourd’hui 20 ans de cela, le 23 mars 2001, la station spatiale russe MIR était désorbitée et détruite par la Russie elle-même. Envoyée en orbite terrestre par l’URSS le 19 février 1986, cette station spatiale qui faisait suite au programme Saliout est rapidement devenue un évènement majeur et un reflet de la puissance russe. Composée de 6 modules 10 ans après la mise en orbite du module principal, la station MIR était un réel emblème de la puissance spatiale soviétique puisqu’il s’agissait entre autre du plus grand satellite artificiel jamais mis en orbite autour de la Terre.

Mais plus qu’un symbole de puissance, cette station de 125 tonnes est surtout devenue un symbole de coopération internationale entre de nombreux États, devenant ainsi en quelque sorte la première station spatiale internationale : elle accueillit des équipages de France, des États-Unis, du Japon, de Grande-Bretagne, de Bulgarie et d’autres pays, apprenant aux Américains et aux Russes à travailler ensemble suite à la fin de la Guerre froide. Se sont ainsi succédé un peu plus d’une centaine d’astronautes d’une quinzaine de nationalités différentes, preuve de l’étanchéité de la station spatiale face aux tensions terrestres.

Grande fierté nationale de la Russie, MIR fait alors l’objet de films, d’émissions radio mais encore d’affiches pouvant aisément être qualifiées d’affiches de propagande et détient notamment plusieurs record, tel que celui de la plus longue présence humaine ininterrompue dans l’espace ou encore celui du plus long séjour spatial.

La station MIR, capable d’accueillir jusqu’à 6 astronautes, a également permis la recherche à long terme dans l’espace sur de nombreux sujets scientifiques, physiques et médicaux, avec la réalisation de plus de 23 000 expériences scientifiques, et l’exploitation spatiale habitée, avec plus de 78 sorties extravéhiculaires d’une durée totale de 359 heures et 12 minutes, réalisées par les cosmonautes. Son but premier de recherche a donc très largement été atteint.
Cependant la station MIR, dont la durée de vie avait été fixée à 5 ans, est au final restée opérationnelle le triple de cette durée initiale, mais non sans incidents. En effet, la station spatiale soviétique, par manque d’argent due à la crise économique traversée par la Russie et, par conséquent, par manque de maintenance, a lentement commencé à dépérir, donnant lieu à des accidents. Parmi ceux ci, on compte notamment deux incendies à bord, et la perte du module Spektr, percuté par un cargo Progress en 1997, et condamné en raison de la fuite provoquée. Ainsi, afin d’éviter une tragédie ainsi qu’une rentrée atmosphérique non contrôlée, la Russie a décidé de désorbiter volontairement la station. L’incapacité a gérer la multiplication des avaries et la corrosion de MIR reflétait tout de même un certain déclin du pays qui fut autrefois la grande puissance spatiale. C’est ainsi qu’il y a vingt ans déjà, celle qui était considérée comme la première station internationale fut détruite, finissant sa course dans l’océan.

La fin de MIR n’a pas signifié pour autant la fin de la collaboration spatiale puisque la destruction de MIR a marqué le début de la construction de l’ISS, l’actuelle station spatiale internationale. Alliant financement américain, savoir-faire russe et coopération de bien d’autres pays, l’ISS est, d’une certaine manière, ce que MIR fut autrefois. Néanmoins, malgré la coopération qui ressort de ce projet, il ne faut tout de même pas oublier que, tout comme MIR, l’ISS reste un moyen pour les grandes puissances d’afficher leur savoir-faire, leur pouvoir, leur influence, et ainsi leur puissance. Pourrait-on dire que l’ISS a permis à la Russie de redorer son blason spatial?
sources :
Il y a 30 ans : Mir, la station devenue internationale – Cité de l’Espace (cite-espace.com)