Par Lola Morfin et Léna Pérus
Hong Kong est confronté depuis plusieurs années à une crise politique majeure, la transition d’un régime démocratique à une dictature déchirante pour le peuple hongkongais. La colère du peuple se fait ressentir lors des multiples manifestations.

Depuis le XIXème s., Hong Kong était une colonie britannique, notamment pendant la période communiste, mais, en 1997, les Chinois ont obtenu de récupérer Hong Kong afin d’en faire une “Région administrative spéciale” appartenant à la République populaire de Chine. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu…
Comment Hong Kong est-elle passée d’une démocratie à une dictature et de quelle manière la presse hongkongaise est menacée dans cette affaire ?

Que s’est-il passé avant les manifestations à Hong Kong ?
Hong Kong est donc soumis à un cadre de système politique multipartiste (composé de deux parties) d’où le titre “1 pays, 2 systèmes“. En, effet depuis longtemps, Hong Kong fut une région semi-autonome de la Chine ( absence de frontière, perte de monnaie propre et limitation des libertés limitées ).
Dès la fin du 19ème siècle après deux guerres, la Chine cède Hong Kong à la couronne britannique mais seulement pour une duré de 99 ans (en effet les anglais sont obligés de plier bagage en 1997).
Cependant pendant cette période Hong Kong a bien évolué, elle s’est modernisée et prospéré jusqu’à en devenir le phare capitaliste de l’Asie, elle est bien différente de son voisin communiste qu’est la Chine, notamment parce qu’elle est une démocratie. Mais celle si est bien déterminée à récupérer l’intégralité de ce territoire .
Dans les années 70, les ministres anglais ont entamé un rapprochement avec la Chine communiste de Deng Xiaoping, débouchant sur le traité de 1984 : “l’accord sino-britannique“. Cependant, rapidement l’Angleterre ne fait plus le poids face à la Chine et en 1997, la rétrocession de ce territoire est décrétée par la Chine. Une période de transition de 50 ans (1997-2047) doit permettre une transition en douceur, selon la logique suivante : “Un pays, deux systèmes“, permettant à Hong Kong de préserver son système démocratique.

Hong Kong, un ancien territoire britannique.
C’est finalement le 30 juin 1997 que l’Union Jack cède sa place au drapeau Chinois. Rapidement à Hong Kong, les libertés acquises sont menacées mais le peuple hongkongais en colère ne se laisse pas faire, il n’hésite pas à manifester pour ses droits (manifestation de 2003 qui fut la 1ère manifestation massive).
En 2012, c’est l’introduction de plusieurs cours d’éducations patriotiques chinois, la principale raison pour laquelle des milliers de parents Hongkongais ont manifesté : ils dénoncent une pratique de “brainwashing” (lavage de cerveaux) politique sur leurs enfants.
En 2017, c’est l’élection au suffrage universel du chef de l’exécutif élu par 1200 personnes qui donne naissance au “mouvement des parapluies“.
Comment le régime politique de Hong Kong a basculé ?

Le 9 juin 2019, un projet de loi sur l’extradition des opposants politiques de Chine est imposé par les communistes. Cette loi permettrait à Pékin d’extrader des habitants de Hong Kong en Chine. Cette loi provoque donc une manifestation massive regroupant plus d’un million de personnes.
Le 8 juillet, le gouvernement de Carrie Lam annonce que le projet de loi est «mort», mais les protestations continuent malgré tout.
En mai 2020, le gouvernement chinois annonce soumettre au vote de l’Assemblée nationale populaire la loi sur la sécurité nationale. L’annonce de ce projet de loi a eu pour effet de relancer les manifestations pro-démocratie, mises en pause en raison de la pandémie du Covid-19.
Les manifestants craignent que cette loi mène directement à la fin de l’autonomie de Hong Kong sans attendre la date de 2047.
Le Royaume-Uni considère que la république populaire de Chine porte atteinte, sans attendre la date butée de 2047, au principe d’”un pays, deux systèmes” et «viole l’autonomie et les libertés du peuple de Hong Kong» tels que prévus dans les modalités de la rétrocession.
Le gouvernement britannique décide de donner à tous les hongkongais qui peuvent prétendre au statut britannique d’outre-mer (BNO British National Overseas), soit 3 millions de personnes, «la possibilité de vivre et de travailler, puis par la suite de demander la citoyenneté» au Royaume-Uni.
Hong Kong est en cours de changement politique.
L’objectif de la loi est de ramener l’ordre quitte à étouffer les libertés de Hong Kong.
“Ils sont en train de poursuivre en justice les leaders du mouvement pro-démocratie en disant que «la police arrive pour vous attraper et vous ne pouvez pas partir».
James, militant pro-démocrate de Hong Kong
Dans cette nouvelle loi, les peines peuvent être parfois très lourde, pouvant aller jusqu’à la prison à vie. Certains militants craignent même plusieurs extraditions vers la Chine.
“La loi de sécurité nationale est un crime qui fait taire la voix du peuple hongkongais. Et nous courrons le risque d’être extradé en Chine, poursuivis par la justice à Pékin autrement dit, c’est le risque d’être emprisonné à vie en Chine“.
Joshua Wong, étudiant et militant pro-démocrate
“Nous ne voyons pas pourquoi la Chine devrait être la seule à être empêchée d’adopter une législation de sécurité nationale, pour protéger chaque coin de son territoire et tous ses ressortissants“.
Carrie Lam, chef de l’Etat exécutif à Hong Kong
Le 10 août, le magnat de la presse et pro-démocrate Jimmy Lay ainsi que la militante Agnes Chow étaient arrêtés.

Jimmy Lay est accusé de collusion avec des forces étrangères et de complot en vue de fraudes.

Agnes Chow est également arrêtée pour incitation à la sécession. Le lendemain, les deux militants sont libérés et Agnes Chow témoigne:
“J’espère que le monde sait que la loi de sécurité nationale n’est en réalité pas un instrument juridique mais un outil politique pour le régime, pour le gouvernement, pour supprimer les dissidents politiques“.
Agnes Chow lors d’une interview
“Le peuple de Hong Kong a très peur…”
Le 26 août, deux parlementaires de l’opposition ainsi que 14 autres personnes liées au mouvement pro-démocratie sont arrêtés. On leur reproche d’avoir participé à des manifestations en 2019.
Le 10 août 2020, Joshua Wong témoigne:
“Nous sommes dans une situation d’urgence à Hong Kong. J’espère que ce n’est pas ma dernière vidéo avant d’être arrêté dans les prochains jours“.
témoignage de Joshua Wong sur une de ses vidéos
Début septembre 2020, près de 300 personnes ont été arrêtés par la police hongkongaise.

“C’est une période difficile pour nous mais il n’y a toujours pas de raison pour nous d’avoir de regrets. Nous essayons de faire savoir au monde que malgré la promulgation de la loi, il y a toujours une sortie(…) Bien sûr, tous les soirs quand je m’endors, je ne sais pas si je vais être arrêté ou non. Personne ne peut être prêt et bien préparé à être emprisonné à vie à Pékin. Mais nous devons continuer notre résistance”.
Joshua Wong
Finalement, malgré toutes ces périodes de changements politiques, démocratique ou même dictatorial, les hongkongais se sont battus et continuent de se battre au nom de leurs libertés. L’influence de la Chine sur ce territoire est de plus en plus forte et menace toute liberté hongkongaise malgré les multiples manifestations. La tension chinoise s’est faite ressentir sur la presse, une censure est omniprésente dans les journaux chinois/ hongkongais.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que la Chine a une emprise totale sur Hong Kong.
Source: Wikipédia, reportage Youtube, vidéo de “le Roi des Rats” sur Youtube, caricature de presse.