Le 16 Mars 1978, le pétrolier libérien Amoco Cadiz s’est échoué sur les côtes bretonnes, au large du Finistère. Ce bateau affrété par la compagnie Américaine Standard Oil, pour transporter 220 000 tonnes de pétrole, était parti d’Arabie Saoudite faisant escale dans plusieurs pays d’Afrique du Nord dans le but de rejoindre le port de Rotterdam. Mal entretenu puis fragilisé par une panne irréparable de gouvernail ainsi que par une forte tempête, le pétrolier est venu s’échouer sur les roches de Portsall en Bretagne, un carrefour entre l’Atlantique et la Manche.

Malgré une tentative de remorquage par le bateau allemand Pacific, quelques heures après le capitaine de l’Amoco Cadiz jeta l’ancre suite à une impossibilité de diriger et de réparer le navire. La houle étant trop forte, l’ancre se détacha et laissa le pétrolier dériver. Par la suite, il alla toucher le fond, se perça , laissant échapper la cargaison de pétrole. Entre-temps l’équipage composé de 34 hommes et de la femme du commandant fut évacué par la Marine Nationale.

La Bretagne encore touchée par une marée noire
Le déversement de pétrole dans la mer et sur les côtes bretonnes a provoqué à une marée noire mémorable. Ce n’était certes pas la première catastrophe maritime. En 1967, il y eut le naufrage du Torrey Canyon (américain) qui déversa son pétrole entre le Royaume-Uni et la France. Puis en janvier 1976 l’Olympic Bravery s’échoua au large d’Ouessant, quelques mois plus tard le Boehlen fit naufrage près de l’île de Sein.

De multiples conséquences
Lors de la catastrophe de l’Amoco Cadiz, à peine 10% du pétrole ont été récupérés. Cet accident a nécessité des moyens humains d’intervention considérables, l’Armée avec 35 000 militaires, des associations écologiques comme “Bretagne vivante”, et enfin des milliers de volontaires. Ils ont nettoyé sans relâche les plages, la mer, les rochers, les oiseaux mazoutés avec souvent peu de moyens, de simple pelles et des seaux.
Suite à ce naufrage, au moins 30% de la faune et 5% de la flore maritime sont détruits sur une surface de 1300km². Ce qui représente entre 19 000 et 37 000 oiseaux morts, 7 000 tonnes d’huitres détruites…
A ce désastre environnemental s’ajoutent des conséquences économiques, 1300 pêcheurs qui restent à terre pendant des semaines entières. Les récoltes d’algues et de coquillages sont affectées. Mais le tourisme est aussi impacté car les plages sont souillées comme celles de Trébeurden et Trégastel.

Il faudra plus de six mois pour nettoyer les côtes maritimes où régnait également une odeur nauséabonde. Il s’est écoulé plus de sept ans pour que les espèces maritimes et l’ostréiculture, c’est-à-dire les coquillages et les huîtres, se reproduisent.
La révolte des Bretons
Des organisations ont appelé au boycott de la compagnie de pétrole Standard Oil, compagnie propriétaire du bateau pétrolier Amoco Cadiz. La manifestation du 27 mars 1978 organisé par les syndicats de pêcheurs à Brest a rassemblé 15 000 personnes. Les élus locaux, les associations écologistes et la population ont protesté auprès des pouvoirs publics afin que des mesures drastiques soient prises.
Un nouveau plan Polmar, déclenché en cas de pollution marine, est adopté en 1978, il sert à mobiliser les moyens de lutte et coordonner le personnel. Le gouvernement -sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing – a aussi mis en place le CEDRE qui est le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, à Brest. De plus, une meilleure surveillance du trafic maritime est mise en place avec l’installation de nouveaux radars et d’un “rail” de navigation au large d’Ouessant, qui permet d’organiser le trafic pour éviter les collisions.
Désormais, le préfet maritime peut exercer son pouvoir de mise en demeure pour imposer un bateau en difficulté à être remorqué.
Une bataille judiciaire
L’État et 90 communes bretonnes entamèrent une procédure contre la Standard Oil à Chicago la même année que le naufrage.
En 1984, la société est jugée coupable mais les compensations sont insuffisantes. Le syndicat formé par les élus des communes touchées par la marée noire ainsi que l’État français font appel. En 1992, la Standard Oil est condamnée à verser l’équivalent de 35 millions d’euros aux communes bretonnes et 160 millions d’euros à l’État.
Un aspect géopolitique ?
Malgré ces mesures mises en place, il y a eu trois autres catastrophes notamment en 1999 avec l’Erika qui a déversé 30 000 tonnes de fioul. Malgré de nouveaux dispositifs (pompage de 11200 tonnes de pétrole), de graves conséquences environnementales et économiques ont été constatées.
Aujourd’hui, un lieu de mémoire
A Portsall, l’ancre de l’Amoco Cadiz évoque le courage de la population mais bien sûr le terrible et interminable déversement de pétrole qui a eu lieu en mars 1978. Elle trône au dessus de la plage pour rappeler les risques du transport maritime.

Aujourd’hui, l’épave de l’Amoco Cadiz est devenue un lieu de mémoire où certains plongeurs s’aventurent
C’est une page noire du passé qui ne doit pas se renouveler !

sources :
https://www.francetvinfo.fr/france/bretagne/finistere/finistere-plongee-sur-l-epave-du-petrolier-amoco-cadiz_2432035.html (France Info)
https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/video-apres-la-catastrophe-de-l-amoco-cadiz-en-1978-la-france-prend-conscience-du-risque-du-1521038422 (France Bleu) https://www.techno-science.net/definition/13899.html (techno science) https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2018-03-14/lepave-de-lamoco-cadiz-en-10-images-fascinantes-0583fbdb-23bf-462f-8337-24f3569ada78 (Ouest France)