Avec sa capitale Caracas, le Venezuela est aujourd’hui un pays où la démocratie a vécu de nombreux bouleversements avec encore des répercussions de nos jours. Avec les deux grandes images de cette démocratie parfois contestable : Hugo Chavez avec le chavisme et Nicolàs Maduro, son successeur, encore présent aujourd’hui. Ces deux présidents ont un rôle très important dans l’histoire de ce pays.
Chavez, une figure très importante du Venezuela.
Né en 1954 au Venezuela, Hugo Chavez est un homme politique de gauche populiste et ancien militaire ayant marqué l’histoire du son pays et considéré comme un « sauveur » pour de nombreux vénézuéliens. Ce pays a connu des changements radicaux, très importants en politique sociale sous la présidence de Chavez. On l’a même surnommé “l’insubmersible”.
Une arrivée au pouvoir particulière…
Celui-ci a tenté un premier coup d’état raté en 1992 contre le président de l’époque Carlos Andrés Pérez, qui paradoxalement, va le propulser dans une longue carrière politique. En effet, il se rend, pour éviter un bain de sang mais il promet de revenir. Selon lui : “Le moment est venu d’éviter que plus de sang ne coule, c’est le temps de la réflexion, de nouvelles occasions viendront, le pays doit vraiment prendre le cap d’un destin meilleur.”Il arrive finalement au pouvoir en remportant l’élection présidentielle en 1999 et sera réélu jusqu’en 2013. Chavez a un réel objectif, il promit de rendre le pouvoir au peuple et annonça donc le début du « processus révolutionnaire démocratique et pacifique », de redresser l’économie du pays et de « refondre la République ». Il a mis en place plusieurs reformes de gauches apparentes sous le nom de « révolution bolivarienne »
“Chavez n’est pas fini, clamera-t-il. Je dois dire que le jour où ce corps sera vraiment mort, Chavez lui ne le sera pas… Parce que je ne suis plus Chavez, Chavez est dans les rues, il est devenu le peuple, il est devenu une essence nationale “
extrait d’un discours de Chavez, 2012
Le bolivarisme
En s’inspirant de la révolution bolivarienne, Chavez a profondément transformé son pays, que ce soit économiquement, socialement et politiquement. Un nouveau modèle de société, propre à Chavez : le chavisme, issu du socialisme, s’est donc mis en place.
Mais qu’est ce que cette révolution bolivarienne ?
Celle-ci fait référence au général vénézuélien « libérateur » Simon Bolivar, le héros de l’indépendance de l’Amérique latine au début du XIXème siècle face aux espagnols. Il n’a pas seulement été une figure historique du Venezuela, il avait aussi une pensée politique avec une dimension de transformation sociale en plus de cette dimension militaire.
Chavez s’inspire alors de celui-ci. Le Venezuela devient la « République Bolivarienne du Venezuela ». Ne voulant plus de l’ancienne constitution de 1961, Chavez en instaure une nouvelle. Le but était de balayer un ancien régime inefficace et corrompu ainsi que d’offrir une nouvelle vie au Venezuela en tant que démocratie populaire et participative en s’inspirant de l’exemple de Simon Bolivar.
Sur le plan social, Chavez a provoqué de nombreux changements avec notamment le plan Bolivar 2000 visant à améliorer les conditions de vie de la population. On peut alors observer une baisse du taux de pauvreté passant de 49% en 1999 à 28% en 2010 ainsi que la hausse du taux de scolarisation et du PIB.
Comment Chavez a-t-il pu financer ces programmes sociaux ?
Ceci a été possible grâce aux revenus du pétrole. En effet, Le Venezuela est une puissance énergétique très importante, c’est le 1er pays de monde juste devant l’Arabie Saoudite avec plus de 302 milliards de barils de pétrole. Mais l’exploitation est malaisée et très polluante malheureusement. Ce pays est aussi riche en d’autres matières première tel que le gaz, les ressources hydrauliques avec notamment le barrage de Guri par exemple : le 4eme plus important au monde. Ceci a aussi permis au Venezuela d’accomplir un autre de ses objectifs : le retour sur la scène international au vis-à-vis des autres pays où Chavez veut d’un côté affirmer l’indépendance de son pays.
De nombreux reproches, menaçant la démocratie
Bien que Chavez ait été un président aimé par les Vénézuéliens, on peut lui reprocher beaucoup de choses qui ont été finalement néfaste pour le pays et où la démocratie à énormément souffert.
- Au niveau politique :
Un réel culte de la personnalité est mis en place avec un type de gouvernement autoritaire. On lui reproche aussi d’avoir entretenu des liens avec plusieurs dictatures et de se comporter comme un dictateur. Pour Roger Cohen, éditorialiste au New York Times : « Chavez était un homme profondément anti-libéral, dissimulé sous son costume de libérateur de son peuple ». Chavez était un homme sur de lui, qui savait trouver les bons mots aux bons moments et a donc réussi à mettre une partie de la population de son coté, qui a pu le réélire une autre fois. Il était considéré comme un homme charismatique, fort et respecté.
« L’un des avantages dont Chavez bénéficie est son éloquence populiste, son langage faubourien, l’emploi et l’abus d’arguments simplistes, mais d’une grande efficacité, sa polyvalence théâtrale, fort efficaces pour un public composé essentiellement de secteurs populaires. »
Journal critique de Bolivie (30 nov. 2007)
- Au niveau social :
Les réformes de Chavez ont provoqué à la fois les acclamations et des condamnations sévères. Il est devenu une sorte de « héros » pour les défavorisés mais le fais qu’il ne mette qu’en avant la classe populaire montre qu’il a en quelque sorte délaissé les autres classes sociales. Il s’est éloigné des Vénézuéliens issus de classes moyenne et supérieure. Une forte hausse de l’insécurité est aussi remarquable sous Chavez. Comme nous le savons le Venezuela fais partit des pays où le taux de criminalité est le plus élevé et que Caracas serait considérait comme la capitale la plus dangereuse dans le monde.
Il lui est aussi reproché de n’avoir pas posé les bases d’un développement durable au Venezuela
- Au niveau économique :
Malgré le fait qu’il ait soulagé la misère du Venezuela, Hugo Chavez a laissé sombrer l’économie de son pays. Une réelle dépendance au pétrole est visible, car c’est la première source de revenu du Venezuela. Bien que les inégalités ainsi que la pauvreté diminuent, la vie quotidienne des Vénézuéliens est marquée par des problèmes graves de pénurie alimentaire, d’accès aux services publics, de défaillances du ravitaillement en gaz domestique ou de coupures d’électricité. La dette publique du pays est passée sous Chavez de 28 milliards à 130 milliards de dollars. Chavez a exproprié massivement des terres agricoles et il a laissé les infrastructures dans un état lamentable.
- Au niveau de la liberté de la presse
De nombreuses atteintes à la liberté de la presse ont pu être visible.
En effet sous le régime de Chavez, le gouvernement a étendu ses moyens de contrôle des informations que ce soit les médias audiovisuels ou la presse écrite. Plusieurs lois ont été adopté pour qu’il y est une sanction plus importante pour la diffusion de propos que le gouvernement qualifie “d’offensants” et permettant même la suspension de chaines de télévision, de radio ou de sites internet. Ceci a été encore plus renforcé sous le successeur de Chavez : Nicolas Maduro.
Son successeur : Nicolas Maduro
Après la mort de Chavez le 5 mars 2013, c’est Nicolas Maduro qui lui succède. Celui-ci, encore au pouvoir aujourd’hui s’est donné pour priorité de préserver les réalisations sociales de la “Révolution Bolivarienne”. Mais le pays subit une grosse crise depuis la mort de Chavez, notamment économique avec les prix du pétrole qui se sont effondrés, déstabilisant le pays tout entier. C’est un président très contesté à la tête d’un régime dit “corrompu”. La réélection de Maduro en 2018 a été fortement contesté et l’Assemblée nationale s’est opposé à cette réélection.
Une crise politique est aussi ajoutée à cette crise économique. En effet, des pays comme la Russie ou la Chine se rangent du côté de Maduro, ce qui lui apporte beaucoup de critiques.
Des libertés très restreintes…
Depuis maintenant de nombreuses années, le Venezuela vit dans un climat de restriction de l’information. La liberté d’expression est aussi menacée à de nombreuses reprises.
Bien que celle-ci soit inscrite dans l’article 58 de la Constitution, aucune politique n’est menée pour la protéger. Des mesures extravagantes comme la soi-disant “loi anti-haine” ont récemment été approuvées par une Assemblée constituante nationale contrôlée par le gouvernement Maduro, qui s’est emparé illégalement des pouvoirs législatifs.
Depuis quatres ans, 17 journalistes et média ainsi que plusieurs douzaines de Vénézuéliens ont été sanctionnés. Ne parlons même pas du nombre de ceux qui ont été menacé ! Ces menaces sont notamment visibles par le biais des réseaux sociaux.
Un exemple parfait de cette restriction des libertés
Olga Mata, 72 ans, est le parfait exemple. Elle a en effet publié sur TikTok une vidéo où elle donne des noms de politiciens à ses arepas : “J’ai la veuve”, “C’est la Cilla Flores”, ajoute-t-elle dans la vidéo, en citant de nom de l’épouse du chef de l’Etat. Une voix lui répond alors que Cillia n’est pas justement veuve. Elle répond alors : “Bon…mais c’est ce qu’on veut tous”. Olga a donc été poursuivi en justice pour “incitation à la haine”.
Les propos, même humoristiques, sont condamnable sous la présidence de Maduro ce qui revendique totalement les principes de la démocratie.
De nombreuses manifestations ont donc eu lieu, tel que sous le régime de Chavez aussi. En effet, sous Chavez les “chavistas” et les “anti-chavistas” sont apparus, créant des tensions et des révoltes au sein de la population.
Un opposant politique qui a son importance
Maduro devrait être réélement au pouvoir ?
Voilà une réelle question que l’on pourrais se poser. On peux lui reprocher d’avoir fait du Venezuela une dictature et d’être un dictateur qui ne veut pas laisser sa place. Mais des opposants politiques tel que Juan Guaido souhaitent que le Venezuela change pour de bon.
Juan Guaidó, 35 ans, originaire de la région de Vargas au Venezuela a réussi à rassembler autour de lui l’ensemble de l’opposition au régime du président Nicolás Maduro. Il s’autoproclame président par intérim sans posséder de pouvoir effectif.
Guaidó reçoit la reconnaissance de l’Assemblée nationale et d’une cinquantaine de pays, mais l’armée vénézuélienne, le Tribunal suprême de justice et l’Assemblée nationale constituante continuent de soutenir Maduro.
Guaidò est soutenu par les Etat-Unis, la première puissance mondiale, avec qui le Venezuela à eu des relations particulières et compliqués depuis plusieurs années maintenant.
Nos sources :
Nous avons essayer de varier le plus possible nos sources, avec différents articles et vidéo et podcasts.
- wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Présidence_d%27Hugo_Chávez https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolás_Maduro
- https://www.axl.cefan.ulaval.ca/amsudant/venezuela-2.htm
- rsf : https://rsf.org/fr/pays/venezuela
- courrier international : https://www.courrierinternational.com/sujet/crise-au-venezuela
- supports vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=Ln51kRiZjwA https://www.youtube.com/watch?v=n59WlCXkjUc https://www.youtube.com/watch?v=PX8Qu5WHr-k
- extrait de podcast : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/culturesmonde-du-mardi-31-mai-2022-4191169 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-d-anthony-bellanger/histoires-du-monde-du-mercredi-05-janvier-2022-1951870
Pour aller plus loin :
Pour les intéressés, voici des livres, films sur le Venezuela pour en savoir davantage sur celui-ci :
- Simon Bolivar, 1969 et Libertador, 2014 : deux films, un ancien et un plus recent, mettant en scène le” libertador” Simon Bolivar, figure importante sur l’indépendance d’une grande partie de l’Amérique du Sud, le “héros”.
- Hugo Chavez et Alvaro Uribe ,ou, la force des mots, Maria Fernanda Gonzalez Binetti, 2012 : ce livre parle de Chavez et d’un autre homme politique, l’ancien president de la Colombie. Ce livre tente aussi de répondre à des questions délicates pour les deux pays avec une réelle question : le discours de Chávez est-il vraiment de gauche ?
- Histoire du Venezuela, de la conquête a nos jours, Frédérique Langue, 1999 : comme son nom l’indique, ce livre parle de l’histoire du Venezuela de manière très détaillée.