Brésil : le coup d’Etat de 1964

Par Léane Delaigue, Louane Madrigali et Baptiste Piochet-Grève

Aujourd’hui sous la présidence à tendance autoritaire du président Jair Bolsonaro, le Brésil est une République démocratique fédérale. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, une nouvelle guerre bien différente commence : la Guerre Froide. Cette opposition entre les deux blocs va aussi toucher le Brésil qui, de 1945 à 1985, va alterner entre démocratie et dictature. Comment la lutte contre le communisme a-t-elle ainsi fait sombrer le pays dans une sanglante dictature militaire après le coup d’Etat de 1964 ?

De 1945 à 1964 un gouvernement et une démocratie instable 

Illustration.
Le président Vargas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Get%C3%BAlio_Vargas

Getulio Vargas, amené au pouvoir par les classes sociales moyennes en 1930 et nommé « le père des pauvres », dirigea le Brésil jusqu’en 1945, date à laquelle l’armée le renversa 8 ans après l’instauration d’une dictature, en 1937. Cependant, ce n’est pas le dernier mot de Vargas qui reviendra au pouvoir en 1951 en instaurant cette fois-ci une démocratie multipartite mais son mandat sera de courte durée puisqu’il se donnera la mort en 1954 après avoir été accusé d’avoir tué son opposant Carlos Lacenda dans un attentat. Des suites de cet événement, les héritiers de Vargas prennent le pouvoir, d’abord avec Juscelino Kubitschek de 1956 à 1961 (il fait de Brasilia la capitale du Brésil et veut faire progresser le Brésil de 50 ans en 5 ans). Cette politique de progression  finit en inflation, Janio Quadros succède à Juscelino pour une durée de 7 mois puis Jaoa Goulart de 1961 à 1964 s’installe au pouvoir, les ministres de l’armée de terre  s’opposent alors à sa présidence et l’accusent de faire partie du parti communiste brésilien et du parti socialiste brésilien .

Des véhicules militaires à Brasilia le 31 mars 1964
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27%C3%89tat_de_1964_au_Br%C3%A9sil

1964 : Coup d’État militaire

João Goulart, critiqué pour ses penchants communistes, est enlevé du pouvoir durant son mandat le 31 mars 1964 à Rio de Janeiro lors d’un coup d’État dirigé par Castelo Branco à la tête de l’armée et soutenu par la bourgeoisie et une partie des classes moyennes de droite avec pour objectif dit haut et fort : éliminer la “subversion communiste”. l’Armée s’installe alors au pouvoir pour 21 ans avec l’aide active de la CIA et de l’ambassadeur des USA.

Après 1964, un Brésil sous la dictature militaire

En pleine guerre froide, la dictature militaire s’impose au Brésil des suites du coup d’État de 1964. Ce régime hostile au communisme et soutenu par les État Unis va plonger le pays dans des années noires.

Politiquement parlant, l’armée prend le contrôle du pouvoir en se qualifiant de défenseur du “monde libre” et en prônant une doctrine de sécurité nationale avec l’aide d’une suite “d’Actes institutionnels”. Ceux-ci ont mis en place l’instauration d’un bipartisme en octobre 1965 entre le “parti de la révolution “ et le “parti de l’opposition” avec l’acte institutionnel n°2. La dissolution du congrès, la suspension de la constitution, l’instauration de la censure, l’annulation des libertés individuelles et une autorisation à l’armée et aux militaires à arrêter et emprisonner sans contrôle judiciaire en 1968 avec l’acte institutionnel n° 5 viennent compléter l’ensemble.

Économiquement parlant, le Brésil renoue avec les institutions financières internationales qui étaient gelées depuis 1958 mais malgré cela les salaires diminuent et le PIB chute de 7%. En 1965  de nouveaux changements sont opérés comme l’interdiction de grève ou encore la répression des syndicats, la même année le fond monétaire international apporte une aide financière au Brésil notamment avec une restructuration de sa dette extérieure mais également en obtenant de nouveaux crédits et des prêts qui passent de 0 à 500 millions de dollars durant les 10 années suivant le coup d’état, la dictature bien qu’entraînant des conditions terribles dans le pays aura permis à l’économie brésilienne d’être saluée par l’institution financière internationale. 

La dictature brésilienne d’après 1964 entraîna  434 morts mais aussi celle de 8500 indigènes selon la commission nationale, sans compter les personnes torturées et poussées à l’exil qui serait approximativement 10 000.

La devise Ordre et progrès sur le Drapeau brésilien | Flickr
Le drapeau brésilien, avec la devise du pays “Ordre et progrès”
https://www.flickr.com/photos/dalbera/2424894104

Ce coup d’état de 1964 est donc un des nombreux exemples de coup d’état militaire encouragés pendant la Guerre froide par les Etats-Unis dans leur lutte contre l’expansion du communisme. Encore aujourd’hui l’actuel président Brésilien Jair Bolsonaro montre sa gratitude envers le régime dictatorial qui selon lui aurait sauvé le Brésil du communisme.

Sources:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Dictature_militaire_au_Brésil_(1964-1985)

https://www.courrierinternational.com/article/commemorations-bresil-le-coup-detat-de-1964-sauve-le-pays-selon-la-presidence

https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMElection?codePays=BRA&dateElection=BRA1945122&codeInstitution=1

https://www.lefigaro.fr/international/2018/10/27/01003-20181027ARTFIG00109-le-bresil-entre-democratie-et-dictature-une-histoire-mouvementee.php

https://www.memoiresdeguerre.com/2018/10/dictature-militaire-au-bresil-1964-1985.html

https://www.lhistoire.fr/