Le Pantanal : un sanctuaire de biodiversité bientôt réduit en désert de cendres

Immense plaine marécageuse à la biodiversité exceptionnelle, le Pantanal du Brésil est devenu en 2020, en l’espace de quelques semaines, un véritable “enfer sur terre”, ravagé par les pires incendies de ces dernières années

image tirée du compte twitter du site “JornalOGlobo”

Reconnue par l’Unesco comme patrimoine mondial naturel, cette aire de biodiversité exceptionnelle apparait comme un immense écosystème puisqu’elle abrite à elle seule quelque 650 espèces d’oiseaux, 98 de reptiles et près 159 de mammifères. Cependant, sous le coup d’incendies tant dévastateurs qu’incontrôlables, ce véritable sanctuaire de la vie sauvage risque de bientôt se transformer en “un désert de cendres“.

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Vue aérienne des feux à Pocone, dans la région de Pantanal

Un paradis animalier plus que jamais en danger

Selon les experts, ce dernier, aurait déjà perdu, 20 % à 25 % de sa superficie, soit 3 à 4 millions d’hectares partis en fumée. L’équivalent de la superficie de la Belgique ou de la Suisse. En effet, plus de 12.500 foyers d’incendie ont donc été recensés par les satellites de l’Institut national de recherches spatiales (INPE) battant le grand record de 2005, en seulement neuf mois. Au-delà des chiffres, c’est une vraie tragédie qui se joue dans ce sanctuaire de biodiversité à la faune exceptionnelle, situé à l’extrémité sud de la forêt amazonienne et qui s’étend du Brésil au Paraguay et à la Bolivie.

“Dehors, je vois la calamité. La fumée et la vitesse du bus gênent, je presse mon regard et vois une scène brutale. Le corps raidi, sans vie, d’un ocelot. Je crie pour demander d’arrêter le bus et en descends, photographier. L’air est lourd. L’animal a les yeux blancs et la langue tirée, comme s’il essayait de respirer le peu d’air qui reste du Pantanal. Le chauffeur du bus vient me rejoindre, et, comme si nous étions en deuil, nous parlons à voix basse. Il dit que l’ocelot n’a pas été renversé. Il est mort en fuyant. Je m’accroupis sur l’asphalte, choisissant un angle montrant la quantité de fumée du chemin qu’il nous reste encore à faire. Je prends la photo en essayant de ne pas montrer toute la brutalité que la mort a imposée à ce bel animal. Je n’avais jamais vu d’ocelot vivant. Et n’en n’ai toujours pas vu.”
passage extrait d’un article de João Paulo Guimarães, photographe brésilien

Comme en témoigne cette image ainsi que ce passage, ce sont bel et bien des milliers d’animaux qui périssent chaque jour sous le coup des flammes. En effet le feu en soi représente déjà un grave problème, mais la faim et la soif dont souffrent ensuite les animaux est tout aussi problématique.

C’est donc pour cela qu’une forte mobilisation s’est mise en place pour protéger cette biodiversité unique au monde. Des équipes de volontaires et de vétérinaires ont donc été dépêchées dans la région, permettant de sauver des centaines d’animaux et de laisser à d’autres des points d’eau et de nourriture. En effet près de 70 lieux sont rationnés régulièrement en bananes, pommes ou papayes, pour permettre aux animaux survivants de résister.

Des causes plus ou MOINS naturelles

Même si les températures élevées et les vents forts qui font que la végétation prend feu très facilement et que les incendies se propagent de façon très intense, ce désastre environnemental est dû avant tout à une sécheresse exceptionnelle, n’ayant pas permis à de nombreuses zones humides d’être inondées comme c’est le cas en temps normal.

Cependant cette dernière n’explique pas tout : de nouvelles cultures lancées par les agriculteurs ont également contribué aux incendies. En effet, de plus en plus d’agriculteurs de la région pratiquent ce que l’on appelle le “brûlis“, autrement dit une méthode interdite par temps de sécheresse, permettant de fertiliser les sols mais aussi déclencher des incendies.

Ces méthodes ont pour seule et unique but de dégager le terrain afin de laisser la place à l’élevage ainsi qu’à de nouvelles productions agricoles, permettant donc le bon développement économique de la région souhaité par le gouvernement Bolsonaro.

Les feux sont là, Bolsonaro les nie

C’est donc pour ces raisons que de nombreux écologistes et ONG critiquent la politique environnementale du président d’extrême-droite Jair Bolsonaro, qu’ils jugent responsable de la recrudescence des incendies dans la région du Pantanal ainsi qu’en Amazonie. D’autant plus que ce dernier nie toute responsabilité et dément cette véritable tragédie qui se déroule en plein cœur de son pays.

“Cette histoire de l’Amazonie en feu est un mensonge que nous devons combattre”

Règne donc un fort « sentiment d’impunité » en raison de l’absence ou de la minime prise de mesures par le gouvernement face à cette crise. En effet, l’action trop tardive du gouvernement ainsi que le fort manque de moyen des organes publics pour la protection de l’environnement se fait pleinement ressentir. Comme en témoigne l’action du ministère de l’environnement qui n’a dépensé que 0,4 % du budget engagé pour financer les politiques environnementales du gouvernement, soit la minime somme de 17 500 €.

Le petit + a visionner

Sources:

Goodplanet.info

autresbresils.net

nationalgeographic.fr

lemonde.fr

reporterre.net