BepiColombo est une mission conjointe de l‘ESA (Agence spatiale européenne) et de la Jaxa (Agence spatiale japonaise) destinée à l’étude pluridisciplinaire de la planète Mercure. Ce projet né en 2003, est le fruit d’une grande coopération entre états, puisque depuis cette date, plusieurs centaines de personnes travaillent sur ce projet dans 15 pays différents (14 pays européens et le japon).
Cette mission, nommée en hommage à Giuseppe (Bepi) Colombo, scientifique, ingénieur et mathématicien italien, notamment connu pour ses recherches sur la planète Mercure, a lancé en octobre 2018, grâce à une fusée Ariane 5, un vaisseau composé de deux orbiteurs, MPO et MMO, depuis la base de Kourou (Guyane française). Quand elles arriveront en orbite autour de Mercure début 2024, ces deux sondes effectueront leurs mesures par des températures maximales de plus de 350°C, et ce pendant une année, avec la possibilité de se prolonger un an de plus.
Le voyage jusqu’à Mercure : un challenge pour BepiColombo
Atteindre Mercure est loin d’être une partie de plaisir. En effet, la masse du Soleil exerce un champ de gravité considérable qui rend particulièrement difficile l’insertion d’un véhicule spatial sur une orbite stable autour de Mercure. « BepiColombo est l’une des missions interplanétaires les plus complexes que nous ayons jamais lancée », a précisé Andrea Accomazzo, responsable de la trajectoire de vol de l’appareil.
Pour ne pas tomber dans le Soleil, BepiColombo doit constamment exercer un freinage contre l’attraction de l’étoile. Pour cela, elle a notamment recours à 9 assistances gravitationnelles des astres aux alentours, et peut aussi mobiliser des propulseurs ioniques du MTM, le module qui propulse les deux sondes jusqu’à l’orbite de Mercure.
L’ensemble du trajet que doit accomplir BepiColombo représente près de 9 milliards de kilomètres soit un voyage de 7 ans. C’est un parcours qui paraît immense alors que la Terre n’est pas si éloignée que cela de Mercure. Sauf que le voyage ne se fait pas en ligne droite, des boucles ont dû être effectuées pour gagner en vitesse et ajuster la trajectoire.
Une mission : Résoudre les mystères de Mercure
Mercure intrigue de par ses propriétés singulières et ses nombreuses énigmes.
La sonde MPO gravitera autour de l’hémisphère sud à des altitudes relativement basses, il s’agira alors de réaliser une cartographie complète de Mercure, d’étudier la composition de son atmosphère ténue et sa structure interne, et d’obtenir des images de sa surface en haute résolution grâce à ses nombreux équipements scientifiques (altimètre, accéléromètre, magnétomètre, spectromètres, transpondeur, analyseur de particules, caméras, etc).
Le travail de MMO, quant à lui consistera à analyser son champ magnétique et sa magnétosphère (la région entourant un objet céleste dans laquelle les phénomènes physiques sont dominés ou organisés par son champ magnétique Lancement des sondes MPO et MIO par une fusée Ariane 5 ) alors encore peu compris par les scientifiques.
Les données recueillies permettront alors de répondre aux nombreuses interrogations des scientifiques et des agences spatiales du monde entier. Des interrogations soulevées notamment par le travail effectué par la sonde Messenger de la NASA, en orbite pendant 4 ans autour de Mercure. Les observations obtenues seront essentielles pour comprendre les processus magnétosphériques générés par le vent solaire, car elles relèveront des mesures du champ magnétique de la planète en deux points différents, simultanément.
De plus, Mercure et la Terre ont la particularité d’être les deux seules planètes rocheuses disposant d’un champ magnétique. Cela pourra donc nous permettre de mieux comprendre la formation, l’évolution des planètes et notre propre magnétosphère, mais aussi celles d’autres planètes aux systèmes similaires.
La mission BepiColombo aidera ainsi à répondre à de nombreuses interrogations à propos de Mercure, mais elle en soulèvera également d’autres passionnantes, que les missions futures devront élucider.
