1974 : la dictature des Colonels tombe

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Grèce est un pays dévasté et la guerre civile qui a opposé l’armée grecque gouvernementale et l’armée démocratique de Grèce pendant 3 ans n’a rien arrangé. Mais au milieu des années 1960, la Grèce va connaître un gros changement. La constitution va être renversée par la dictature des Colonels qui va durer 7 années, afin de mettre en place un gouvernement de terreur mais qui s’effondrera face à la crise de la Chypre. Ainsi, la Grèce va connaître une transition démocratique pour voir naître la III République hellénique.

Comment la Grèce est-elle passée d’une dictature à une démocratie et comment la crise de la Chypre en est-elle responsable ?

Geogios Papadopoulos

Le 6 mars 1964, Constantin II de Grèce roi des Hellènes et Prince de Danemark règne officiellement sur la Grèce mais va être renversé par un putsch militaire le 21 avril 1967 lorsque des officiers dirigés par le colonel Georgios Papadopoulos prennent le contrôle avec leur régiment de la capitale, Athènes.

Il est environ deux heures du matin quand les chars prennent position autour du palais royal, devant le Parlement et aux principaux points stratégiques. Les officiers supérieurs occupent l’administration de l’État, les télécommunications et les centres de contrôle dans les aéroports, les ports du Pirée, les stations de radio et les gares. Le régime militaire s’empare alors de l’État en pleine campagne électorale.

Le peuple prévenu par la radio

Coup d’État du 21 avril 1967

Le peuple apprend le coup d’État par la radio de l’armée en diffusant un décret royal dans la nuit du 21 au 22 avril et le surlendemain, le porte-parole du gouvernement justifie cette prise du pouvoir : « l’armée a voulu faire barrage à la menace communiste »

Ce coup d’État d’extrême droite n’est pas vraiment une surprise pour les Grecs qui s’y attendaient. Depuis un bon moment, des rumeurs bruissaient à propos d’une action de l’armée destinée à empêcher les élections prévues pour le mois de mai 1967.

Mais la dictature s’avère sanglante et pleine de répression avec l’abolition de la plupart des libertés civiles, ils font arrêter les principales personnalités politiques et obligent le roi à suspendre la constitution.

Une dictature sanglante

Constantin II, dernier roi des Hellènes

Après le coup d’État, Constantin II a décidé de coopérer avant de tenter un contre-coup d’État, il réclame un remaniement du gouvernement débarrassé des éléments extrémistes mais échoue le 13 Décembre 1967. Il s’exile alors en Italie. La dictature du colonel a néanmoins maintenu la monarchie, sans roi, jusqu’en 1973.

Après avoir suspendu 11 articles de la Constitution, les colonels se donnent la possibilité d’arrêter les citoyens sans mandat et de les interner. Tout individu peut être jugé devant ces tribunaux militaires qui ont été installés dans dix grandes villes de la Grèce. Les partis politiques et les organisations syndicales sont mis hors la loi. Les journaux de gauche et leur culture cessent de circuler, certains ouvrages sont interdits avant impression, les livres sont contrôlés. De nombreux spectacles jugés pernicieux sont suspendus, la junte reprend aussi en main l’Église. Tout opposant est donc pourchassé avec environ 6138 détenus déportés à Yaros appelé l’île du diable.

C’est ainsi que la dictature des colonels grecs se met en place, elle durera près de 7 ans.

La crise chypriote fait tomber le régime

Mais la dictature des colonels va s’effondrer face a la crise de Chypre de 1974.

Le 29 juillet 1973, le régime organise un référendum qui aboutit à l’abolition de la monarchie et à la proclamation de la République. Cette libéralisation limitée a alors laissé l’espace possible pour l’émergence d’une résistance sociale. C’est ainsi que 10 000 étudiants grecs se soulèvent contre le régime en place en novembre 1973, de plus une crise de politique étrangère entre dans l’équation, la crise de Chypre.

Les deux communautés Chypriote

En effet en 1960, lorsque Chypre devient une république indépendante du Royaume-Uni, sa population se répartie en deux communautés principales : la communauté Chypriote Grecque et la communauté Chypriote Turque. Le Royaume Uni, la Turquie et la Grèce deviennent les États garants de l’équilibre constitutionnel de l’île par le traité de garantie signé la même année. Cela octroie donc sous certaine conditions un droit d’intervention militaire aux trois puissances garantes pour rétablir l’ordre constitutionnel si celui-ci venait a être bousculé.

Les opposants réfugiés à Chypre

Lors de la mise en place de la dictature des colonels en Grèce, de nombreux opposants politiques se réfugient à Chypre. Le 15 juillet 1974, la Garde nationale dirigée par des officiers Grecs lance une tentative de coup d’état contre le président chypriote, l’archevêque Makarios, avec l’aide du groupe militaire chypriote grec de l’EOKA B (organisation paramilitaire chypriote grecque active de 1971 à 1974 d’inspiration nationaliste) leur objectif commun est de réaliser l’Enosis c’est a dire l’unification de Chypre à la Grèce.

Le 20 juillet, la Turquie intervient donc militairement en évoquant la protection des intérêts de la communauté turque de l’île et le rétablissement de l’ordre constitutionnel c’est l’opération Attila. En parallèle, le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 353 demandant le « retrait sans délai du territoire de la République de Chypre de tous les militaires ». Cette résolution concerne principalement les forces grecques positionnées sur l’île.

Enosis contre Opération Attila

La crise de Chypre précipite alors la fin du régime des colonels. En effet, un processus est mis en place afin d’organiser la transition du pouvoir. Des élections sont organisées le 17 novembre 1974. Elles sont remportées par une forte majorité, 220 sièges sur 300, par le parti Nouvelle Démocratie. Puis, un référendum a lieu le 8 décembre 1974. Les Grecs se prononcent alors à 69 % pour le maintien de la République et contre le retour à la monarchie.

La Grèce a donc connu une transition démocratique qui a permis de passer de la dictature des colonels à la démocratie, la IIIème République officiellement nommée République hellénique.

L’effondrement du régime des colonels a laissé de nombreuses traces, malgré le rétablissement des libertés publiques et individuelles, l’abolition de la monarchie, l’élection d’un parlement au suffrage universel. L’armée constitue une menace permanente pour le régime démocratique puisqu’elle est dirigée par des officiers d’extrême droite.Un coup d’État a encore eu lieu le 24 février 1975 !

De nombreux partisans du régime des colonels peuplent toujours les grandes administrations et ce à tous les échelons. Pour imposer ce nouveau régime démocratique, d’importante reformes seraient nécessaires dans les domaines comme l’enseignement, la justice ainsi que la religion. Le régime militaire a entraîné une situation économique dévastatrice, une inflation en flèche, des pertes commerciales, une dette extérieure très élevée ainsi qu’un ralentissement du taux de croissance.

Metapolitefsi

Afin d’organiser au mieux, la transition du pouvoir en Grèce, un important processus est mis en place, le Metapolitefsi (terme qui désigne en Grec la transition démocratique qui a permis de passer du régime des Colonels à la démocratie suite à la tenue d’élections législatives organisées en novembre 1974). Lors de ces élections, le Parti de la Nouvelle Démocratie l’emporte avec une forte majorité.

12 décembre 1974 : Référendum

Devenu une république, la Grèce présente en 1975 sa candidature à la communauté européenne pour consolider la démocratie. En 1981, la Grèce entre officiellement dans la CEE.

La dictature des colonels, aussi appelé la Dictature du 21 avril, s’est donc déroulée de 1967 à 1974. Cette dictature est née à la suite du coup d’État de la junte, dominé par Georgios Papadopoulos. Cela a entrainé l’exil du roi Constantin II, qui accéda au trône en 1964.

Dix années plus tard, le régime a procédé à un référendum, qui a conduit à l’abolition de la monarchie et à la proclamation de la république. En 1981, la Grèce rentrera dans la CEE, Andréas Papandréou deviendra le Premier ministre (fils de Georges Papandréou).

Source :

Wikipédia

Lelivrescolaire.fr

cairn.info/revue

grecehebdo.gr

manuelnumeriquemax.belin.education

amp.lefigaro.fr

blogs.mediapart.fr

histoire-pour-tous.fr

Vidéo :

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