Clipperton, “l’île de l’oubli”

Clipperton, surnommée l’île de la désolation, l’île mystérieuse, ou encore l’île au trésor, est une aire marine protégée française débusquée au début du XVIIIe siècle par un flibustier anglais du nom de John Clipperton. Ce petit coin de terre inhabité au large des côtes mexicaines dans l’océan Pacifique, a été découvert par les Français en 1711, qui en font leur propriété dès 1935. Il fallut seulement attendre 1959 pour que Mexico reconnaisse sa souveraineté.

Longtemps convoitée au XXe siècle par les différentes puissances maritimes, nid à ressources et territoire phare pour la communauté scientifique, Clipperton est un berceau de la biodiversité marine, aujourd’hui menacé par la pollution humaine.

Une île longtemps convoitée

Clipperton est un atoll corallien de 2 km² situé à près d’un millier de kilomètres du littoral mexicain, à 4000 kilomètres de la Polynésie française. Autrefois convoitée par les États-Unis, le Mexique et la France, notamment entre 1895 et 1930, « l’île de la Passion » a longtemps été source de tensions entre les puissances de l’époque, notamment en raison de l’exploitation d’un engrais particulier, le guano – une ressource aujourd’hui épuisée.

En effet, Clipperton est, en 1897, une propriété mexicaine. Ce statut se dispute en 1909 avec la France, qui revendique sa souveraineté, et qui l’obtient finalement. En 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis occupent de force l’atoll corallien, avant de le remettre aux mains des Français en 1945. Aujourd’hui, la France maintient son contrôle sur le territoire, et surveille de près ses ressources halieutiques (thons) et polymétalliques (nickel et cuivre).

Une zone protégée ?

Avant 2007, des bateaux mexicains pêchaient illégalement dans la ZEE française. C’est pourquoi un accord de pêche est né entre Paris et Mexico pour une durée de dix ans. Le contrôle est encore très limité sur Clipperton, qui voit apparaître des narcotrafiquants non loin de ses côtes. Néanmoins, des forces souveraines maritimes sont déployées, notamment des frégates, pour assurer la sécurité de l’île. La pêche se pratique illégalement sur ce territoire touché par la pollution. Les déchets dérivants viennent s’échouer sur l’atoll corallien.

Bien que les scientifiques ont créé une base permanente depuis 2016 pour y étudier la biodiversité, ils font face à la catastrophe écologique qui touche Clipperton. Ce désastre inquiète la communauté depuis près d’une quinzaine d’années déjà : en effet, en 2005, l’explorateur Jean-Louis Étienne s’était horrifié devant ces plages jonchées de détritus. Certaines espèces d’oiseaux, comme les fous masqués ou les fous bruns, sont contraintes de faire leur nid sur les déchets. Les scientifiques appellent depuis l’État français à renforcer leur sécurité autour de l’île.