L’artiste, sa démarche, son œuvre.

Né en 1984, Anthony Duranthon est un artiste-peintre professionnel travaillant d’après photographies et venant d’évoluer vers le cyanotype. Évolution dont l’exposition riomoise, organisée avec le soutien de l’APEL, est témoin privilégié.

Son œuvre fait la part belle aux portraits : portrait individuel administratif, photographie corporatiste, portraits intimistes. Ici d’après photographies anciennes ; là, récentes. Tantôt issues d’archives institutionnelles ou familiales.

En écho au plasticien Christian Boltanski et à son concept de « petite mémoire », Duranthon nous invite à nous reconnaître en des individualités le plus souvent anonymes puis à remonter de cette histoire particulière à celle collective, entre autre bouleversée par la Seconde Guerre mondiale.

La visibilité de la main de l’artiste fait saisir au public la singularité de ses partis-pris et perturbe une première et trop évidente lecture de l’œuvre. Surtout, cette technique assurée, servie par de fines observations, démontre encore toute la puissance de suggestion du langage plastique : formes, couleurs, contrastes impactent vivement le spectateur et préfabriquent sa perception des sujets proposés.

Confirmation, s’il le fallait, que même la plus convenue des photographies n’est pas enregistrement passif du monde visible mais active construction mentale, forcément partielle, certainement partiale. Une tentative de saisir une réalité psychologique, sociologique ou autre, qui échappe peut-être à toute transcription comme à complète compréhension.

Laurent Malaurie,
Professeur d’arts plastiques à l’Institution Sainte-Marie de Riom.